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18 avril 2014

My Sweet Pepper Land

My Sweet Pepper Land

Western au Kurdistan.

Au carrefour de l’Iran, l’Irak et la Turquie, dans un village perdu, lieu de tous les trafics, Baran (Korkmaz Arslan, excellent), officier de police fraîchement débarqué, aidé de son second, Reber (Suat Usta) va tenter de faire respecter la loi.

Cet ancien combattant de l’indépendance kurde doit désormais lutter contre Aziz Aga (Tarik Akreyi), caïd local qui dirige une véritable mafia.

Il fait la rencontre de Govend (Golshifteh Farahani), l’institutrice du village, jeune femme aussi belle qu’insoumise, mais qui doit souvent en découdre avec ses cinq frères...

Dans un tel contexte, l'amour croissant entre Baran et Govend pourra-t-il s'épanouir ?

Hiner Saleem propose toujours des films intéressants, inattendus : "Vodka Lemon" en 2003, "Kilomètre Zéro" en 2004, "Les Toits de Paris" en 2006, "Si tu meurs, je te tue" en 2010 (déjà avec Golshifteh Farahani). Si son cinéma est si notoire, c'est notamment parce que, quel que soit son propos, il ne se départit jamais d'une sorte d'humour grinçant, confinant parfois à l'absurde.

Notons que ce film est un véritable "melting-pot" : le réalisateur est Français d'origine irako-kurde, le producteur n'est autre que Robert Guédiguian, l'acteur principal est germano-turc, et l'actrice principale est franco-iranienne. Il n'y a que l'art, et notamment le cinéma, pour tenter de si salutaires rapprochements.

My Sweet Pepper Land - Korkmaz Arslan

My Sweet Pepper Land - Golshifteh Farahani

Le casting est particulièrement réussi, puisque le couple que forment Korkmaz Arslan (jeune acteur de 30 ans que j'ai découvert, et que j'espère revoir) et Golshifteh Farahani fonctionne très bien, sans tomber dans le cliché des caractères antagonistes qui se rapprochent peu à peu. Cette dernière a déjà prouvé l'étendue de ses talents (et montré sa grande beauté) dans "Shirin" (2008) de Abbas Kiarostami, "Mensonges d'État" (2008) de Ridley Scott, "À propos d'Elly" (2009) sublime film de Asghar Farhadi où elle tient son plus beau rôle, "Si tu meurs, je te tue" (2010) de Hiner Saleem, "Syngué Sabour" de Atiq Rahibi qu'elle portait sur ses épaules. Aucun souci à se faire pour elle, puisqu'elle figure déjà aux génériques des films à venir de Rachid Bouchareb, Roland Joffé, Louis Garrel, Mia Hansen-Love et Ridley Scott.

Mais il n'y a pas que le casting qui tient la route. Le scénario est bien construit, les images sont magnifiques, les cadrages très étudiés, l'hommage aux westerns pertinent, l'humour toujours décalé, les sentiments délicats...

Sobrement interprété par la sublime Golshifteh Farahani (« le Passé ») et le rustique Korkmaz Arslan, ce film d'action âpre, dont l'humour adoucit les situations les plus dramatiques, possède le souffle des meilleurs westerns spaghettis. Entre rires et larmes, le réalisateur Hiner Saleem offre surtout un pur moment de grâce qui ne se prend pas vraiment au sérieux.

Hiner Saleem s’empare des codes du film de genre sans sombrer dans un pur exercice de pastiche. Il livre un film fort qui, derrière ses moments jouissifs de pur spectacle, gros plans et règlements de comptes, livre une réflexion féroce sur ces incorrigibles humains, aveuglément soumis à leurs contradictions. Il se pique, à raison, d'indroduire du féminise à son propos.

"My Sweet Pepperland" s’amuse de toutes les conventions, de tous les clichés, les contournant et se les appropriant, revisitant l’éternel mythe de la naissance d’une nation au cœur d’un territoire secret, ignoré ou presque par le cinéma. Le tout sur le ton du western spaghetti que vient perturber une jolie histoire d'amour.

L'originalité de "My Sweet Pepper Land" réside dans son inscription territoriale et dans le jeu avec les stéréotypes qui se défient des clichés folkloriques. L'absurdité de monde est compensée par la majesté des décors naturels. On se promène dans cette fable progressiste le coeur léger. La griffe tragi-comique du cinéaste a le don de gratter là où ça fait mal : sous la stylisation perce la détresse d'une jeunesse asphyxiée par la famille et la société. Et puis, il y a... l'actrice iranienne Golshifteh Farahani, bannie par les mollahs, vibrante dans ce rôle d'insoumise.

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