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23 décembre 2011

Hugo Cabret

Hugo_CabretHommage au cinéma.

Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé - en forme de cœur - qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabella, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…

Martin Scorsese a choisi de réaliser, sur une idée du producteur Graham King ("Gangs of New York", "Aviator") l'adaptation qu'a faite John Logan du roman illustré pour enfant de Brian Selznick, "L'invention d'Hugo Cabret" paru en 2007. John Logan n'est autre que le scénariste de "Aviator".

Martin Scorsese réalise ici son premier film "pour enfants" et signe sa première incursion dans la technique 3D. On y retrouve la beauté de ses images (avec une bonne utilisation de la 3D), l'ingéniosité du scénario, la maestria technique, la virtuosité de la mise en scène. A ce propos il convient de saluer le travail de Dante Ferretti (décors) et de Howard Shore (musique).

Dante Ferretti a été découvert par Pier Paolo Pasolini, et c'est un des meilleurs décorateurs du monde. Il a oeuvré pour Pasolini donc, puis pour Bellochio, Comencini, Ferreri, Fellini (à plusieurs reprises), Scola, Risi, Annaud, Gilliam, Chabrol, Zefirelli, Jordan, Minghella, De Palma, Burton, et c'est sa huitième contribution au travail de Scorsese. Sont travail de re-décoration à Paris de certaines salles de la Sorbone, de la bibliothèque Sainte Geneviève, et surtout de la Place Edouard VII et du square Louis Jouvet dans le IXème arrondissement de Paris est époustouflant.

Howard Shore est un compositeur canadien. Et c'est même le compositeur attitré de la musique des films de David Cronenberg depuis 1979. C'est sa sixième composition pour Scorsese depuis "After Hours" en 1986. Il a travaillé aussi pour Jonathan Demme, Barbet Schroeder, Sidney Lumet, Chris Columbus, Joel Schumacher, Tim Burton (hé oui ! sur "Ed Wood"), David Fincher Stephen Frears, Arnaud Despleschin, James Gray, Franck Oz et Peter Jackson.

Les références littéraires à Dickens et Zola sont évidentes. Les références cinématographiques sont innombrables : Georges Méliès évidemment, mais aussi les Frère Lumière, Griffith, Chaplin, Lloyd, et Renoir. La reconstitution de scènes de films de Georges Méliès est remarquable, et l'hommage a des airs d'affirmation de filiation. La référence à la catastrophe ferroviaire survenue en Gare Montparnasse le 22 octobre 1895 relève de la virtuosité.

Vient maintenant la distribution, à commencer par les deux enfants.

Asa Buttefield (Hugo Cabret), jeune comédien britannique était déjà sur les planches et devant les caméras à 10 ans. Son rôle dans "Nanny McPhee et le big bang" de Susanna White en 2008 lui a valu une reconnaissance internationale.

Chloe Moretz (Isabella) est elle aussi une enfant prodige, de la télévision et du cinéma étasunien, puisqu'elle a débuté à l'âge de 7 ans (elle a aujourd'hui 13 ans). Sa filmographie, même s'il ne faut pas en retenir grand chose, est déjà touffue. Je me rappelle l'avoir découverte dans "(500) jours ensemble" de Marc Webb en 1999, donnant la réplique à Joseph Gordon-Levitt. Son rôle de Hit-Girl dans "Kick Ass" de Matthew Vaughn en 2010 (que je n'ai pas vu parce que Nicolas Cage et moi, ça fait deux) lui a valu 2 prix d'interprétation. Nous la reverrons bientôt et souvent, puisqu'elle figure déjà au générique de 9 films à sortir, dont "Dark Shadows" de Tim Burton.

Viennent ensuite Ben Kingley (parfait) dans le rôle de Georges Méliès et Helen McCrory dans celui de son épouse Jeanne. Elle est internationalement connue pour son rôle de Narcissa Malefoy dans "Harry Potter". Elle a incarné Cherie Blair (épouse de Tony" dans "The Queen" de Stephen Frears. Elle sera bientôt au générique de "Skyfall" de Sam Mendès. On leur doit les scènes qui comptent parmi les plus émouvantes du film.

Le rôle du chef de gare est dévolu à l'excellent Sacha Baron Cohen. Déjà connu et reconnu pour son show sur la TV britannique, il a une envergure internationale depuis "Borat" (2006) et "Brüno" (2009) de son ami Larry Charles, qu'il retrouve dans "The Dictator" qui sortira sur les écrans en 2012. Il apparaît aussi au générique de "Swenney Todd" de Tim Burton (2010) qui s'y connaît en "tronches" talentueuses. Il vient aussi de signer pour un rôle sous la direction de Quentin Tarentino. Dans "Hugo Cabret" il dispose du personnage le plus fouillé, et déclenche souvent les rires, entre sa raideur de grand blessé de la guerre de 1914-1918 et ses émois amoureux pour Lisette, la fleuriste, incarnée par Emily Mortimer, qui n'a pas la carrière qu'elle mérite, malgré de beaux débuts dans "Elisabeth" de Shekhar Kapur (1998) et "Coup de foudre à Notting Hill" (1999). Elles est pourtant au génrique de très bons films : "Young Adam" de David MacKenzie (1994), "Match Point" de Woody Allen (2005), "Shutter Island" Martin Scorsese (2010) et "Harry Brown" de Daniel Barber (2011). Emily Mortimer est unique de sensibilité, son minois et son jeu dont des enchantements.

Après la mort de son père (Jude Law) Hugo a été congié à son Oncle George, alcoolique fini, qu'incarne Ray Winstone, connu dès "Scum" de Allan Clarke en 1979 puis "Quadrophenia" de Franck Roddam en 1980. C'est un "second rôle" de tout premier ordre, qui a joué sous la houlette de Ken Loach, Gary Oldman, Angelica Huston, Tim Roth, Anthony Minghella, Martin Scorsese ("Les Infiltrés" en 2006), John Hillcoat, Robert Zemeckis, Steven Spielberg, Chris Columbus. Il sera le Jules César de Steven Soderbergh dans "Cleo", et figurera au générique de "13" le remake étasunien de "13 Tzameti" (absolument génial, et à voir impérativement !) par Gela Babluani soi-même qui refait pour les USA ce qu'il avait fait en France, dans une incompréhensible discrétion.

Enfin, le plaisir de revoir Christopher Lee (89 ans !) dans le rôle de Monsieur Labisse le libraire (il est sublime), et d'apercevoir Johnny Depp en peintre de rue, Michael Pitt en projectionniste, et Martin Scorsese himself en photographe.

Martin Scorsese écrit ici sa lettre d'amour au septième art, en rendant hommage à ses pères (toutefois sans Eisenstein, Gance, Murnau...), et affirme sa filiation. Je le répète, on ne peut lui nier sa maestria technique, sa virtuosité de la mise en scène, l'ingéniosité de son scénario, la splendeur de ses images, qui font de ce film une merveille.

Mais j'ai trouvé que le film manquait d'émotion, que ses personnages étaient insuffisamment fouillés, et qu'il manquait du souffle de "l'aventure", malgré un casting et une interprétation parfaits. Par ailleurs, il s'autorise une auto-publicité pour sa "Fondation pour la préservation des films anciens" qui n'était pas nécessaire, ni même utile.

Reste que sa réflexion sur le temps (le temps passé, le temps vécu, le temps ressenti), et particulièrement sur le temps de l'enfance qu'on ne perd jamais complètement, est poétique et magique. Martin Scorsese évoqe à merveille l'enchantement inventé et toujours réinventé par le cinéma. Qu'Hugo Cabret vive derrière "la pendule d'Harold Lloyd" est un symbole magnifique. 

"Le film exauce le voeu enfantin de s'approprier l'espace commun, l'aménager en cachette géante, le doubler de coulisse, le trouer de trappes et de passages secrets par lesquels chaque enfant (et chaque enfant qui reste en nous) se faufile et s'échappe." Jean-Marc Lalanne.

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