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5 mai 2012

Anaphore

Atistote - RhétoriqueUne anaphore de 3'20" pronocée par François Hollande.

Cet entre-deux-tours aura été particulièrement difficile. Parce que le campagne, quoi que certains puissent prétendre, a été intéressante ; a été très longue, ayant commencé par les Primaires Citoyennes de gauche ; a été truffée de chiffres, de nombres, de pourcentages, crise économique, dette, déficits obligent ; parce que souvent les débats publics ont été intéressants ; parce que le FN a fait un score élevé au premier tour ce qui a conduit le triumvirat de l'UMP Buisson/Mignon/Peltier à beaucoup droitiser ses propos jusqu'à l'insupportable ; parce que nous avons été noyés dans des dizaines et des dizaines de sondages en 2 semaines (!) ; parce que beaucoup n'en peuvent plus de ce quinquennat et que l'enjeu final leur semble fondamental ; etc...

Bien des sujets n'ont pas été abordés, l'économie ayant pris le pas sur tout, et les thématiques du FN reprises par l'UMP ayant été envahissantes, ce qui aura souvent laissé sur le bas côté le champ de la réflexion philosophique et la pensée qui s'inscrit dans le long terme. Il a fallu faire avec, réservant à chacun, éventuellement, la volonté et la capacité de se projeter plus haut et plus loin.

Et pourtant, il y a eu, dans un débat très tendu, cette anaphore de 3 minutes et 20 secondes prononcée par François Hollande - et libre à chacun de l'avoir appréciée ou non, là n'est pas la question - en forme de réquisitoire implacable, revenant sur un bilan quinquennal qui avait presque disparu du débat. Rhétorique (et j'ai choisi Aristote pour l'illustrer, en songeant à "De l'élocution"). Et la popularisation (j'espère) de ce mot presque poétique : anaphore.

Pendant 3'20" chacun aura été hissé au rang de "khâgneux", comme pour effacer un peu le nivellement par le bas. Voici donc cette anaphore, dont l'avenir nous dira si elle entre dans l'histoire politique française. Voici ce moment de rhétorique :


"Je veux être un président qui d’abord respecte les Français, qui les considère.

Un président qui ne veut pas être un président de tout, chef de tout et en définitive responsable de rien.

Moi Président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée.

Moi Président de la République,  je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.

Moi Président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien.

Moi Président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante. Je ne nommerai pas les membres du Parquet alors que l’avis du Conseil de la Magistrature n’a pas été dans ce sens.

Moi Président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les directeurs de chaînes de télévisions publiques. Je laisserai ça à des instances indépendantes.

Moi Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire.

Moi Président de la République, j’aurai aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du Chef de l’Etat. Je le ferai réformer de façon à ce que si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés je puisse, dans certaines conditions, me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un certain nombre d’instances.

Moi Président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d’hommes.

Moi Président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts.

Moi Président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à leur tâche.

Moi Président de la République, je ferai un acte de décentralisation parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.

Moi Président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats. Et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi ou ce qui relève de la négociation.

Moi Président de la République, j’engagerai de grands débats. On a évoqué celui de l’énergie et il est légitime qu’il puisse y avoir sur ces questions là de grands débats citoyens.

Moi Président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections non pas celles de 2012 mais celles de 2017, parce que je pense qu’il est bon que l’ensemble des sensibilités soit représenté.

Moi Président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions. Mais en même temps, je ne m’occuperai pas de tout et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français.

J’avais évoqué une présidence normale, rien n’est normal quand on est président de la République puisque les conditions sont exceptionnelles, le monde traverse une crise majeure, en tous cas l’Europe. Il y a des conflits dans le monde, sur la planète. Il y a l’enjeu de l’environnement, du réchauffement climatique. Bien sûr que le président doit être à la hauteur de ces sujets là mais il doit aussi être proche du peuple, être capable de le comprendre.

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