La Part des Anges

Après la délinquance...

A Glasgow en Écosse, Robbie (Paul Brannigan), tout jeune père de famille avec sa fiancée Leonie (Sioban Reilly), est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino (Willaim Ruane), Albert (Gary Maitland) et la jeune Mo (Jasmin Riggins) lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Harry (John Henshaw, excellent), l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky !

De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ?

Seuls les anges le savent…

Je ne suis pas ceux qui ergotent devant ce film de Ken Loach, qui a très largement mérité son "Prix du Jury" à Cannes, et nous propose, une fois encore, un portrait d'une rare crudité d'une forme de déshérence économique et sociale, même s'il la ponctue, cette fois-ci, de scènes plus légères qu'à son habitude, et qu'il parvient à y distiller une légèreté et une jovialité qui nourrissent l'espérance.

Vous ne pourrez pas rester insensible à ces quatre jeunes paumés et leurs difficultés, brillamment incarnés par de jeunes comédiens non professionnels, et à la partition talentueuse et très sensible de John Henshaw dont l'empathie donne les larmes aux yeux.

Et quand Ken Loach, cerise sur le gâteau, parvient à y ajouter la mise en place d'une "gentille arnaque" en forme de thriller palpitant, avec la complicité de l'excellent acteur qu'est Roger Allam (dans le rôle de Thaddeus, l'acheteur d'excellent whisky pour un collectionneur milliardaire), on est comblé.

Ken Loach et son scénariste Paul Laverty forment un duo de maîtres incontestable du cinéma, et leurs descriptions toujours crues, souvent cruelles, de la société britannique, agrémentés de dialogues particulièrement bien ciselés, constituent une oeuvre unique et à mon sens essentielle.