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19 août 2012

La Servante

La servante

Celle par qui le mal arrive.

Suite à un déménagement dans une maison plus grande, la femme d'un professeur de musique persuade celui-ci d'engager une domestique. Mais bientôt, la servante devient la maîtresse et la calme maison devient alors le lieu d'un dramatique huis clos.

Découvrir "La Servante" de Kim Ki-young qui date de 1960 en 2012, grâce à la superbe restauration que nous devons à Martin Scorsese, est une expérience cinématographique originale et rare, parce que cela vous ramène à d'autres souvenirs de films, plus récents, et vous montre que c'est un film majeur.

Car autant le dire tout de suite, ce film s'apparente à un chef d'oeuvre. Tout y est admirable : mise en scène au cordeau qui ne laisse aucun répit au spectateur jusqu'au final déconcertant, noir et blanc somptueux, musique jazz particulièrement appropriée, maîtrise d'un jeu de portes coulissantes digne de Ernst Lubitsch, portraits de femmes aussi réussis que chez Mankiewicz, préfiguration du "Théorème" de Pasolini et des premiers films de Roman Polanski (entre autres), véritable objet d'inspiration pour ce que sera le film d'épouvante et d'horreur, leçon d'érotisme violent copiée mais pas égalée...

Ce huis-clos étouffant dominé par une servante perverse est un film qui n'épargne rien ni personne, ni la société coréenne de l'époque, ni le poids des convenances matérialistes, ni la lâcheté des hommes, ni les ravages de la jalousie, ni même les enfants.

L'interprétation est parfaite : Eun-Shim Lee campe une domestique effrayante ; Jeung-Nyeo Ju incarne une épouse qui sous ses airs doux et bienveillants est tout aussi ravageuse ; Jim Kiu Kim est un époux et chef de famille qui se réfugie dans son travail de professeur de piano pour mieux faire l'autruche ; les deux enfants traînent toute leur part de cupidité et de cruauté.

Kim Ki-Young a réalisé deux remakes de "La Servante", le premier en 1970, le second en 1982 ("La Femme de feu") ; Im Sang-Soo s'en est très largement inspiré en réalisant "The Housemaid" en 2010, et les réalisateurs Park Chan-Wook ("Old boy") et Kim Ki-Duk ("Printemps, Été, Automne, Hiver... et Printemps") notamment le tiennent pour une référence majeure et incontournable.

Si vous aimez le cinéma, vous serez épatés de découvrir "La Servante", parce que vous découvrirez toutes les traces qu'il a laissées dans de nombreux films que vous avez vus, et vous saisirez tout le plaisir qu'il y a à faire une telle découverte, et comprendrez la nécessité absolue de restaurer de films injustement oubliés. Et vous n'oublierez le frisson d'horreur qui soufflera sur votre échine, uniquement par le pouvoir de la suggestion.

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