Dark Horse

La vie morose d'un jeune "outsider" étasunien ?

Abe (Jordan Gelber), la trentaine, s'accroche à son adolescence et notamment à la collection de jouets qui décore sa chambre. Il vit toujours chez ses parents Phyllis et Jackie (Mia Farrow et Christopher Walken, tous deux excellents), travaille pour son père qui le considère comme un loser et passe ses soirées à jouer avec sa mère au backgammon.

Lorsqu'Abe rencontre Miranda (Selma Blair), trentenaire déprimée revenue vivre chez ses parents, il entrevoit la possibilité d'une grande histoire d'amour et parvient à la convaincre de l'épouser.

Alors que le couple prépare cette nouvelle vie, Abe est en proie au doute et au manque de confiance en lui qui le minent depuis l'enfance, d'autant que son frère Richard (Justin Bartha) excellait en tout, contrairement à lui.

Le ragard de Todd Solondz sur la société étasunienne est toujours très critique, ayant compris depuis longtemps que le rêve américain et l' "american way of life" restaient de mise dans les publicités et certains discours, mais que la réalité était autre. Si "Dark Horse" n'est pas, selon moi, tout à fait à la hauteur de "Happiness" (1997), "Storytelling" (2000), "Palindromes" (2004) et "Life during wartime" (2009), ses précédents films, le conserve ce regard unique sur les "classes moyennes", à la fois empreint de cynisme et de drôlerie.

Les interprètes sont parfaits, avec le plaisir évident de retrouver Mia Farrow et Christopher Walken, en parents plus ordinaires encore qu'on puisse l'imaginer. Quant à Jordan Gelber, il parvient à traîner tout le malaise de ceux de sa génération qui n'ont pas été entraînés dans le monde que décrit, par exemple, Bret Easton Ellis.

Todd Solondz décrit à merveille, sans empathie excessive, sans moquerie, et sans pathos, ceux qui restent "sur la touche" dans nos sociétés modernes.