Shadow Dancer

Trahir les siens pour les protéger ?

Collette (Andrea Riseborough), jeune veuve, est une républicaine, vivant à Belfast, avec sa mère (Brid Brennan) et ses frères Gerry et Connor (Aidan Gillen et Dombrail Gleeson), de fervents activistes de l’IRA.

Suite à son arrestation après un attentat avorté au cœur de Londres, Mac (Clive Owen), un agent secret du MI5, lui offre le choix : passer 25 années en prison et ainsi perdre ce qu’elle a de plus cher, son fils, ou espionner sa propre famille.

Elle décide de faire confiance à Mac, sans que l'on sache si celui-ci est réellement soutenu par sa supérieure Kate Fletcher (Gillian Anderson) et retourne parmi les siens…

est une adaptation du livre éponyme de Tom Bradby (qui a aussi écrit le scénario du film). Il a écrit son roman dans les années 1990, alors qu’il était correspondant de guerre pour la télévision en Irlande du Nord. C'est lui qui a contacté le producteur Chris Coen pour lui faire lire son roman, quinze années après l’avoir publié.

"Shadow Dancer" développe le thème des "troubles irlandais" avec une virtuosité rigoureuse, qui fait de ce film un thriller tendu à l'extrême, respectant à la fois les nécessités du genre et la réalité du conflit. Le récit nous tient en haleine de bout en bout, tout en montrant le drame d'une famille déchirée et détruite par des années de conflit armé. La mise en scène sobre, nerveuse de James Marsh ("The King" en 2005, "The Red Riding Trilogie 1980" en 2009) a le grain des films des années 1970, et il filme magnifiquement Dublin.

"L'ensemble est tenu et se révèle, thriller glacé qui actionne le ressort toujours efficace du cas de conscience en utilisant avec intelligence l'ambiguïté des sentiments et faisant des parallèles entre antagonistes. C'est un solide très film d'atmosphère sans effets inutiles, avec un style sec et des acteurs sobres : la réussite du film tient à sa simplicité implacable et impeccable..

Émerge la performance ahurissante d'Andrea Riseborough qui cornaque le film avec une flamboyante discrète et une puissance émotionnelle fascinante. A la fois manipulée et manipulatrice, Andrea Riseborough révèle une épaisseur dramatique inédite, face à un Clive Owen très pertinent - et sensible - dans son rôle complexe d'agent britannique. Tous deux excellent dans des scènes très difficiles où les dialogues sont tendus à l'extrême.

Je place ce film dans la lignée, entre beaucoup d'autres, de "Au nom du père" de Jim Sheridan en 1994, "The Boxer" du même Jim Sheridan en 1998, "Bloody Sunday" de Paul Greengrass en 2002, "Omagh" de Pete Travis en 2005, etc... c'est dire à quel point je recommande ce film !