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La Vie ChonChon
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15 avril 2013

Pieta

Pieta

Chemin de croix vers le pardon et la rédemption ?

Abandonné à sa naissance, Kang-do (Lee Jung-jin) est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami.

Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. C'est ce qui est arrivé, de façon incroyablement violente, à Hoon-chul (Ki-Hong Woo) sous les yeux effrayés de son épouse (Eun-jin Kang), celle-ci jurant de se venger un jour...

Un jour, Kang-do reçoit la visite de Mi-sun (Min-soo Jo) une femme qu’il ne connaît pas, mais qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui…

La Pietà, aussi appelée vierge de pitié, est une représentation artistique de la Vierge Marie tenant la dépouille de Jésus-Christ sur ses genoux une fois descendu de la croix. Ce thème chrétien a inspiré de nombreux artistes avant Kim Ki-duk, de Michel-Ange à Delacroix en passant par Van Gogh. Martin scorses distille également ce thème dans ses films, notamment dans "À tombeau ouvert" où Patricia Arquette tient Nicolas Cage sur ses genoux à la manière d'une Pietà. Pas étonnant de retrouver cette représentation chez des cinéastes tels que Scorsese ou Ki-Duk qui ont une passion pour les thèmes de la souffrance, la mort, la rédemption et le sacrifice.

Si Jésus a chassé les marchands du temps afin de se dresser contre le pouvoir de l'argent, Kim Ki-duk compte reprendre le flambeau en dénonçant cela dans "Pieta" : "L’argent met inévitablement les individus à l’épreuve dans une société capitaliste. Et ceux-ci sont obsédés par le fantasme selon lequel l’argent rend tout possible. L’argent est la raison principale des incidents qui se passent aujourd’hui dans le monde. Dans ce film, deux personnes qui n’ont aucune raison de se rencontrer, donnent et reçoivent de la souffrance en échange d’argent. Alors réunis, ils deviennent membres de la même famille. Et à travers cette famille, on réalise à quel point nous sommes complices de cette société. À la fin, nous deviendrons nous-mêmes monnaie d’échange pour les autres", explique le metteur en scène.

Pieta 3

Avec Pieta, Kim Ki-duk a voulu mettre en avant un monde sans pitié régi par le pouvoir de l'argent et de l'individualisme : "Le monde entier va progressivement vers le chaos, un chaos pour les nations mais aussi pour les individus. Et tout cela à cause de l’argent", déplore le cinéaste. "Bien que la fin du film soit brutal et triste, c’était ma volonté d’espérer que le monde ne deviendra pas comme cela", poursuit le Coréen, dans un regain d'optimisme.

Bien que le film se nomme "Pieta" et qu'il traite de thèmes liés au christianisme comme la souffrance et la rédemption, le réalisateur ne croit pas en Dieu : "Il y a tant de souffrances dans une vie. Les humains ont créé Dieu et le prient à cause de ces souffrances. Je pense que Dieu est chacun d’entre nous, ou la nature. Et la prière un processus pour que chacun trouve une explication à ses incompréhensions... "Pieta" est ma lutte pour comprendre la vie", confie le metteur en scène.

Le film a été tourné dans le quartier de Cheonggyecheon à Séoul entre février et mars 2012. Le réalisateur a filmé avec deux caméras afin de réduire la durée de tournage et les coûts ; il cadrait lui-même avec l'une d'elle et laissait l'autre à son chef-opérateur Young-Jik Jo.

Pieta 1

L'immense réalisateur Kim Ki-duk (dont c'est ici le 18ème film) signe ici un drame poignant sur la rédemption d'un individu dont l'existence est vouée à la violence, sur fond de crise économique.Une machine infernale est lancée, dont la logique implacable coupe le souffle. La réussite de Kim Ki-duk n'est pas banale, "Pieta" constituant d'un même élan un thriller haletant, une histoire d'une vengeance terrifiante préparée avec une minutie et une invention folles, exécutée avec une froideur glaçante. C'est absolument magnifique. Si la violence physique est parfois insoutenable, la violence psychologique n'est pas en reste : la scène où l'on comprend que Mi-sun tricote un pull-over à son "vrai" fils mort qu'elle conserve dans un congélateur ; celle où elle masturbe son "faux" fils pendant son sommeil...

"Pieta" vous bouscule pour mieux vous piétiner. Kim Ki-duk réussit à insuffler une force dévastatrice à ses images. "Pieta", un des meilleurs films de son auteur, est dans la ligne de ses créations personnelles antérieures par les thèmes de vengeance, de protestation sociale et de relations familiales troublées, comme par la vérité et la réalité qui y sont entremêlées.

Pieta 2

Crépusculaire et cruellement noir, le long-métrage baigne dans une grisaille qui jamais ne se dissipe. Le résultat est un véritable électrochoc, une oeuvre sacrificielle, admirablement mises en scène et interprétée, critiquant avec sécheresse l'atomisation de nos sociétés. J'ai beaucoup aimé ce film très impressionnant, mais comme parfois, j'ignore si je peux le conseiller et comment je peux le faire...

"Pieta" a obtenu le Lion d'Or au Festival de Venise 2012 et a concouru pour représenter la Corée du Sud pour l'Oscar du meilleur film étranger. A noter que Kim Ki-duk est le premier Coréen à obtenir la statuette dorée vénitienne. Il avait déjà obtenu une récompense dans la ville des amoureux, le Lion d'Argent du meilleur réalisateur en 2004 pour le sublime "Locataires". La comédienne Min-soo Jo (sublime !) a remporté le Prix de la meilleure actrice aux César coréens pour le rôle de Mi-sun, la mère (prétendue ?) de Kang-Do incarné par Lee Jung-Jin, un prix amplement mérité.

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