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8 mai 2013

L'Intervallo

L'IntervalloDernière journée avant la mort...

Dans un immense bâtiment désaffecté d’un quartier populaire de Naples, Salvatore (Alessio Gallo, au visage d'ange, magnifique de sensibilité), un adolescent timide et mal dans sa peau parce que rondouillard, est contraint par des boss de la Camorra - au premier rang desquels on trouve le terrible et froid Bernardino (Carmine Paternoster) - de surveiller Veronica (Francesca Riso, impeccable), une jeune fille effrontée qui s'est permise de tomber amoureuse d'un membre d'un autre gang...

Salvatore ignore totalement les raisons de cette détention, mais il mesure parfaitement la tragédie qui se joue.

Au cours de la journée, la relation entre les deux adolescents évolue et une certaine complicité s’instaure. Veronica entraîne Salvatore, toujours bienveillant, dans l’exploration de leur vaste prison, comme pour éviter de penser au sort qui les attend.

D'abord auteur de documentaires, Leonardo Di Costanzo signe avec "L'Intervallo" son premier long métrage de fiction, dont il a également co-écrit le scénario. Le cinéaste n'a cependant pas occulté totalement le réel de ce film, puisqu'il s'est inspiré de personnes présentes dans l'un de ses précédents documentaires pour écrire deux de ses personnages.

Alessio Gallo et Francesca Riso

Alessio Gallo et Francesca Riso, les deux adolescents têtes d'affiche du film, ont été placés au cœur du processus d'écriture du scénario ; d'abord écrit en italien, les deux acteurs ont pu l'enrichir de leurs propres expressions napolitaines et de leur vécu, pour se l'approprier le plus possible. Non-professionnels, les deux comédiens avaient été repérés dans un atelier d'improvisation.

Ce n'est pas la première fois que Leonardo Di Costanzo s'intéresse à des adolescents confrontés à la délinquance, puisqu'il abordait déjà cette question dans deux de ses précédents documentaires ("Un cas d'école", "Cadenza d'Inganno") : "Pour comprendre et raconter ces réalités, j’avais la sensation que je devais le faire à travers des identités en construction. C’était quelque part plus simple d’y accéder qu’au monde des adultes, un monde déjà défini et donc plus impénétrable", explique le réalisateur. 

Il faut noter que ce processus passionnant qui consiste à placer des adolescents devant les plus grands enjeux de nos sociétés est de plus en plus fréquent depuis les travaux de Gus Van Sant et de Larry Clark (et même Tim Burton dont le héros n'est souvent qu'un grand adolescent). Comme si seules l'adolescence et la jeunesse étaient encore capables d'en ressentir tous les noirs effets, toutes les souffrances, ce qui s'affirme comme le questionnement majeur de notre époque.

L'Intervallo - Gallo rt Riso 2

Le tournage du film s'est déroulé principalement dans un ancien hôpital psychiatrique de Naples, laissé à l'abandon, qui s'étend sur plus de deux cent mille mètres carrés. La difficulté liée au travail des décors à été considérable pour rentre l'endroit apte à accueillir le tournage d'un film, un travail couronné de succès quand on regarde ce que cela donne à l'écran. C’est toute la beauté du film que ce décor lui-même, tout de rouille, de friches, de ronces et d’herbes folles, dérive doucement pour s’éclairer d’autres lueurs que celles du naturalisme étriqué du scénario d’initiation.

Leonardo Di Costanzo a privilégié la lumière naturelle du sud de l'Italie, à part bien sûr pour les quelques scènes nocturnes du film, mises en valeur avec une caméra super 16. Le cinéaste a choisi de la garder sur l'épaule pour suivre les acteurs avec le plus de mobilité possible.

En évoquant l'Italie mafieuse sans le moindre flingue, le film prend ses distances avec le traditionnel cinéma criminel. Si la violence est hors champ, la sérénité avec laquelle les deux ados remettent leur destin aux mains de la Mafia est presque plus effrayante encore.

L'Intervallo - Gallo et Riso 3

Idée géniale sur laquelle tout le film repose : la transposition d’un simple huis clos dans un édifice virtuellement sans limites, qui multiplie à l’infini les possibilités de jeu et de mise en scène. Leonardo Di Costanzo construit de scène en scène un bel équilibre entre sa réalisation, très soignée et précise, et la candeur imperceptiblement tempérée par l'objectif de son jeune duo impeccablement interprété par deux jeunes comédiens non professionnels.

C'est le beau paradoxe du film : plus il se donne comme fermé, plus il s'ouvre. Cet infini dans le fini et l'écart terrible qui permet ou empêche les choix font de cette tragédie authentique (unité de temps, de lieu et d'action) et poignante une réponse franche aux fatalismes contemporains.

Je regrette de m'être un peu assoupi pendant le premier quart du film, qui s'est inscrit dans une très belle journée avec Zaza, où nous sommes passés au boulot, où nous avons croisé notre ami Xian tout convalescent, où nous avons déjeuné sur le pouce d'un délicieux croque madame Rue du Temple, et où nous avons fait une très longue promenade au soleil...

 

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