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4 août 2013

Magnifica Presenza

Magnifica Presenza

Rencontre avec les fantômes du théâtre.

Pietro (Elio Germano), un iltalien trentenaire et homosexuel, a un rêve : il veut être acteur !

Abandonnant sa Sicile natale, il s’installe à Rome, aidé par sa soeur Maria (Paola Minaccioni) dans une vieille maison pleine de charme... et d’inattendu !

Il ne pouvait s’imaginer la présence d’individus plutôt envahissants, une troupe de théâtre des années 1940, qui ne semblent pas prêts à quitter les lieux...

En tout cas pas sans l’aide de Pietro...

Quand j'ai vu le nom de Ferzan Özpetek à la réalisation, et celui d'Elio Germano au générique, j'ai tout de suite été tenté. Ferzan Özpetek est un réalisateur turc immigré en Italie, à qui l'on doit, entre autres, "Hamam' en 1997 (un très beau film), "Tableau de Famille" en 2001, "La fenêtre d'en face" en 2003, "Saturno Contro" en 2007, "A Perfect Day" en 2008, et "Le Premier qui l'a dit" en 2010. Quant à Elio Germano, depuis 10 ans, il mène une carrière remarquable, de laquelle ressortent "Respiro" de Emanuele Crialese, "Vous aimez Hitchcock ?" de Dario Argento, "Romanzo Criminale" de Michele Placido, "Mon frère est fils unique" de Daniele Luchetti, "La Nostra Vita" de Daniele Luchetti (où il est magnifique !), et "Diaz - Un Crime d'État" de Daniele Vicari magnifique film sorti il y a quelques mois. On l'a aussi vu dans des productions internationales, aux côtés, par exemple, de Daniel Day-Lewis ou de Juliette Binoche. C'est un comédien que j'aime beaucoup.

Ferzan Özpetek voit les comédiens comme des enfants. Pour lui, travailler avec eux est similaire à avoir des enfants. Il confie : "Ce sont des créatures étranges venues d'une autre planète, vous devez les laisser sentir votre amour et votre attention." Avant le tournage, le réalisateur et les comédiens se sont réunis pour lire le scénario ensemble. Ils ont beaucoup discuté du film, ce qui leur a permis de se rapprocher et de former une équipe soudée. Si le réalisateur donnait à ses acteurs des détails précis sur leurs personnages (comme leurs manies), Eliano Germano confie : "Il souhaitait également stimuler notre créativité en nous impliquant directement dans la dynamique de la mise en scène et dans les dialogues."

Il joint ce sentiment faisant des acteurs des enfants à l'un de ses thèmes favoris, la rencontre des morts et des vivants. un thème propre au réalisateur : le lien entre les morts et les vivants. Il le développe davantage dans "Magnifia Presenza" mais l'a déjà exploré dans ses précédents films. Par exemple, dans "La fenêtre d'en face" où l'acteur principal regarde des gens danser avec les morts, et dans "Le premier qui l'a dit" les vivants et les morts partagent aussi une danse.

La génèse du film : tout part d'un événement réel. Il y a dix-huit ans, un ami du réalisateur a vu une femme habillée de manière étrange à la fenêtre d'un appartement se situant près de chez le réalisateur. De vieilles habitantes du quartier ont ensuite raconté que l'immeuble avait été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Une mère et sa fille s'étaient alors jetées dans le vide. Ces souvenirs correspondaient beaucoup à ce que l'ami du cinéaste avait vu. Au moment d'écrire le scénario de son nouveau film, Ferzan Özpetek a repensé à cette histoire et en a parlé à son producteur.

Elio Germano

Paola Minaccioni

Les comédiens sont formidables, à commencer par Elio Germano (dont j'ai déjà écrit tout le bien que j'en pensais) et Paola Minaccioni (déjà au générique de "Le premier qui l'a dit". Elle a une incroyable fougue, excellente dans le dramatique comme dans le comique, distillant une belle énergie, comme si elle sortait tout droit d'un film de Pedro Almodovar.

Il sont suivis par toute une troupe de comédiens aussi décalés que très bons : Beppe Fiorello (Filippo Verni), Margherita Buy (Lea Marni), Vittoria Puccini (Beatrice Marni), Cem Yilmaz (Yusuf Antep, bouleversant lorsqu'il voit son fils sur internet), Claudia Porenza (Elena Masci), Andrea Bosca (Luca Veroli), et le jeune Matteo Savino, gamin replet et malicieux. Dans le rôle de Livia Morosini, celle à cause de laquelle la troupe est bloquée depuis la guerre dans la maison, on retrouve la grande Livia Proclemer.

Le cinéaste jongle avec la comédie, l’Histoire et le drame, et signe une fable loufoque et une rélexion émouvante, sur le métier de comédien. Tendu entre drame et comédie, ce récit initiatico-fantastico-historique, où la mémoire douloureuse de l’Italie fasciste dialogue avec les affres contemporaines d’un trentenaire homosexuel un peu coincé, est à la fois savoureux et ambitieux.

Ferzan Ozpetek nous montre le cinéma italien contemporain dans ce qu’il a de plus touchant par l’amour qu’il porte à ses personnages et donc aux comédiens qui les interprètent. Tragi-comique, déconcertant et attachant, ce film où le fantastique fait corps avec le réalisme, s'avère une superbe réussite.

Sublime scène : Ferzan Özpetek imagine et filme une jolie rencontre entre son héros et un travesti vieillissant. Avant de le transformer - et les séquences sont délicieuses - en double de Gene Tierney.

"Magnifica Presenza" brille par quelques déchirantes séquences lyriques où le passé et le présent communiquent puissamment.

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