2008, une année de cinéma

Tous les ans, j'aime bien revenir sur l'ensemble des films que j'ai vus au cinéma, et de décerner mes ChonChon à moi. C'est complètement inutile, mais ça m'amuse... Cela ne vaut probablement que pour ce soir, et demain je ferais probablement un peu différemment. Les catégories sont perméables, mais mon parti-pris du jour en aura décidé ainsi. J'ai essayé de ne point privilégier les films de fin d'année, plus frais dans ma mémoire, et de faire l'effort de me replonger jusqu'il y a un an, et retrouver des plaisirs et des sensations déjà vieilles d'un an.

Je reconnais, et c'est une constante chez moi, que peu de comédies trouvent grâce à mes yeux. Cependant, à leur façon, "Rumba", "Eldorado", "Le Bon, la Brute et le Cinglé", "Tonnerre sous les Tropiques", pour des raisons différentes, sont des films que j'ai mentionnés ici. Probablement parce que ce sont des comédies qui vont au-delà du rire, que ce sont des films dont le scénario comme la mise en scène, m'ont permis de les considérer autrement que de simples divertissements.

* De France :

- Mes films préférés : "Capitaine Achab" de Philippe Ramos, "Les Plages d'Agnès", d'Agnès Varda, "Home", d'Ursula Meier, "Séraphine" de Martin Provost. Seulement 4 films ? Au delà des qualités évidentes et objectives (autant que possible) de ces films, j'ai choisi ceux dont les sujets m'ont paru les plus rares au cinéma. Et comme l'indique l'affiche que j'ai mise en avant, c'est "Capitaine Achab" que j'ai souhaiter mettre en avant. Un profond attachement à la littérature... Et aussi deux comédiens d'exception que sont Dominique Blanc et Denis Lavant, tous deux trop rares sur grand écran, mais très présent sur scène.

- Excellents films : "Le sel de la mer" d'Annemarie Jacir, "Le Premier Venu" de Jacques Doillon, "Un conte de Noël" d'Arnaud Despléchin, "Le Plaisir de Chanter" d'Ilan Duran Cohen, "Mascarades" de Lyes Salem, "Dernier Maquis" de Rabah Amar-Zaïmeche, "L'Apprenti" de Samuel Collardey. Un magnifique mélange, selon moi, de réalisateurs chevronnés et de nouveaux venus. Particulièrement heureux de noter parmi quelques cinéastes d'un certain renom, l'excellent travail de réalisateurs d'horizons divers, tels Annemarie Jacir, Rabah Amar-Zaïmeche et Lyes Salem. C'est ainsi, peu à peu, que continue de se faire "l'intégration", dont hélas on n'entend plus guère parler, au profit d'un communautarisme qui n'est pas ma tasse de thé (à la menthe) ! Petites productions, certes, mais souvent avec une portée universelle, à l'opposé des recettes vendues par notre gouvernement.

- Films intéressants : "Les Bureaux de Dieu", "Mesrine 1 & 2", "De la guerre", "Entre les murs", "La belle personne", "Versailles", "Un monde à nous", "Le bruit des gens autour", "Deux jours à tuer", "Lady Jane", "Elle s'appelle Sabine".

* Des USA :

- Mes films préférés : "No country for old men" des Frères Coen, "Shotgun Stories" de Jeff Nichols, "Redacted" de Brian De Palma, 'Julia" d'Erick Zonca, "There will be blood" de Paul Thomas Anderson, "AppaloosA" d'Ed Harris, et les 40 premières minutes de "Wall-E". Honnêtement, comment départager les 3 films dont j'ai publié l'affiche ? Je ne me suis pas résolu à le faire.

- Autres films excellents et/ou intéressants : "Sweeney Todd", "Battle in Haditha", "Cloverfield", "3H10 pour Yuma", "Iron Man", "Battle in Seattle", "Batman, the Dark Knight", "Wackness", "Vicky Cristina Barcelona", "Tonnere des Tropiques", "The Visitor", "Two Lovers", "Burn after reading", "Into the wild". Encore de grands noms, parmi lesquels Woody Allen, Sean Penn, Ben Stiller, James Gray, et re-Les Frères Coen ! Il me semble que tandis que les Etats-Unis d'Amérique vibraient d'une période politique très intéressante, voire palpitante, cela n'a pas beaucoup impulsé le cinéma d'outre atlantique. Il est certes de bonne facture, mais j'ai connu de bien meilleurs crûs.

* D'Europe Le cinéma européen semble continuer de se réveiller. Voilà en effet quelques années qu'il nous est donné de voir d'autres pas que la France présenter régulièrement des films passionnants.

- Mes films préférés : "Louise-Michel", "Il Divo", "Garage", "It's a free world", "Hunger", "Rumba", "Valse avec Bachir", "Le Silence de Lorna". Très honnêtement, je les aurais volontiers tous mis ex-aequo. J'en propose, de styles et de nationalités différents, mais je reconnais volontiers que parmi la catégorie suivante, figurent aussi quelques pépites...

- Autres films excellents et/ou intéressants : "Quatre Minutes", "Andalucia", "Rendez-vous à Brick Lane", "Smiley Face","Eldorado" "JCVD", "Bons Baisers de Bruges", "Gomorra", "Back Soon", "Be Happy", "Jar City", "Moscow Belgium". Ce sont la Grande Bretagne et la Belgique qui se taillent la part des lions, mais je note la présence de deux films islandais, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. De grands noms sont toujours là : Les Frères Dardenne, Ken Loach, Mike Leigh, Fiona Gordon...

Pas d'Almodovar cette année, et pas même un film espagnol qui ait retenu mon attention. A mon corps défendant, je constate, à mesure que j'écris, que je ne propose pas beaucoup de films "grand public". Un début de snobisme, ou une exigence sans cesse accrue ? Je note aussi que le couple Bouli Lanners/Yolande Moreau aura, dans les films français comme dans les films européens, réussi à toujours retenir mon attention. "Séraphine", "Eldorado" et "Louise-Michel" sont trois films qui auront retenu mon attention cette année. Chacun de son côté, puis enfin ensemble : c'est donc mon couple de l'année. A noter que "Eldorado" représentera la Belgique aux Oscars...

* D'Asie La production asiatique est suffisamment multiple, et surtout d'une qualité telle, qu'il m'a semblé tout à fait justifié d'en faire une catégorie à part. La Chine, la Corée du Sud, Hong Kong, les Philippines... De plus en plus, les salles françaises s'ouvrent à toute cette production asiatique, souvent de très grande qualité, pour notre plus grand plaisir. Pour une plus large réflexion aussi.

- Mes films préférés : "Serbis" et "John-John" (tous deux de Blillante Mendoza, Philippin), "Filatures, "Sparrow". Johnny To et Yo Naï Hoï sont d'excellents cinéaste, qui maîtrisent la technique comme trèspeu de réalisateurs au monde, en s'appuyant sur des scénarios parfaits qui ne négligent pas la psychologie des personnages ; Brillante Mendoza est quant à lui d'apparence plus foutraque, mais ses films dégagent un tel humanisme, et ressentent si bien "l'air du temps" que je ne me suis pas résolu à les départager. Je suis aussi sensible au fond qu'à la forme, surtout lorsqu'on doit évoquer le cinéma, c'est à dire un art, plutôt qu'une liste de films.

- Autres films excellents et/ou intéressants : "Triangle", "Mad Detective" "Le Roi et le Clown", "Le voyage du ballon rouge", "Les Larmes de Madame Wang", "Le Dernier Repas", "Un milliers d'années de bonnes prières", "My Magic", "Le Bon, la Brute et le Cinglé". Les qualités artistiques du cinéma asiatique (c'est bien large pour pouvoir signifier quoi que ce soit...) est souvent époustouflante, sans que jamais elles ne nuisent à la trame du film, à son scénario, que ce soit un drame, un thriller, ou une comédie. De grosses productions donc, mais aussi deux très jolis films, aux sorties plus discrètes de "Le Roi et le Clown" et "Le Dernier Repas", représentent dans toute sa diversité, l'excellence du cinéma asiatique. Une scène absolument virtuose, sous la pluie, et même sous des parapluies, de quelques hommes vêtus de noir, qui avancent dans une rue de Hong-Kong, reste un moment d'anthologie, offert par Johnny To, aussi beau qu'un ballet, parfaitement filmé, avec une rare intensité.

* D'ailleurs :

Je n'ai sélectionné ici que des films que je trouve de tout premier ordre parmi les oeuvres proposées en 2008 : "Beaufort" de Joseph Cedar, "Le Cahier" d'Hana Makhmalbaf, "La Zona" du mexicain Roberto Pla, "My Father, My Lord", "Les 7 Jours" de Ronit et Shlomi Elkabetz, "Tropa de Elite". Israël, Iran, Mexique, Brésil. Le reste du monde continue de nous montrer des films formidables.

Je ne reviendrai pas longuement sur tout ce que j'ai ressenti en voyant "Beaufort". C'est un film que je place un peu à part, comme j'avais en son temps isolé "13 Tzameti" ou "Père, Fils". Parfois, sans qu'on en connaisse précisément les raisons profondes, un film vous bouleverse plus qu'un autre. Je ne saurais voir les films uniquement avec raison, et mon coeur a aussi son mot à dire. Et cette fraternité entre les hommes à la guerre, cette solidarité, ces petits moments de nonchalance arrachés à l'horreur, dans un film techniquement très réussi, me vont droit au coeur. Le cinéma israélien, avec souvent des co-financements européens, et surtout français, a réussi à tenir son rang cette année encore, confirmant sa qualité.

* Mention Spéciale "A swedish love story" est certes un film des années 1970, mais il n'est sorti en France qu'en 2008, et je ne le connaissais pas. Comme son titre l'indique, c'est un film suédois, de Roy Andersson. Je le mets donc à part. Mais je tenais absolument à le mentionner, car c'est un bijou parfait, qui parvient à saisir au vol à avec une étonnante justesse, les sentiments amoureux de l'adolescence. Et ça, c'est merveilleux. A voir et à revoir, comme un film d'Ingmar Bergman.