La fin du Bonus ?

Décret, loi, rien ?

Le gouvernement semble vouloir avoir l'air de s'énerver, devant l'indignation de la population suscitée par l'attribution de "Bonus" et de "Stock Options" à certains patrons de grandes entreprises ayant été aidées par l'Etat depuis le début de la crise actuelle.

Permettez-moi de rigoler, car cela ne va concerner qu'une petite dizaine de sociétés, et évoque à peine les parachutes dorés. Chat échaudé craint l'eau froide, et je me demande, légitimement je crois, s'il s'agit d'une agitation supplémentaire de notre gouvernement, ou s'il s'agit d'une indignation qu'il partage sincèrement avec la population.

Au moment où ces aides, probablement accordées légitimement pour de pas voir des pans entiers de l'économie s'effondrer, il aurait été facile, et judicieux, pour l'Etat (c'est à dire nous tous), d'entrer dans les Conseils d'Administration ou de prendre de participations dans le capital de ces entreprises, comme cela fut fait dans certains pays. Tel ne fut pas le cas en France, hélas.

Le Médef fait évidemment la fine bouche, et je me demande si avec le gouvernement, ils ne jouent pas les bons vieux rôles des séries policières, avec le gentil flic et le méchant flic, dans une totale et parfaite connivence, pour mieux berner l'ensemble des contribuables. Décret ou pas décret, loi ou pas loi, je reste circonspect : je crois que ces patrons sont bien malins, et qu'ils trouveront bientôt le moyen de déjouer ce que l'Etat mettra en oeuvre afin de limiter l'attribution insensée de bonus.

Crise financière, puis crise économique, puis crise sociale, pour mieux mettre finalement en avant qu'il s'agit bien d'une large crise de "moralité". (J'ignore pourquoi cette "moralité" ne devrait concerner que les patrons des sociétés aidées par l'état, et pas les autres !) Or, je ne sache pas que la moindre loi ou le moindre décret puisse faire trembler un tant soit peu le comportement de certains patrons.

Malgré les antiennes qui consistent à nous rappeler - non sans cynique ironie - que la lutte des classes est dépassée, qu'il faut se soumettre à certains principes de précaution, qu'il y a lieu d'être éthique et juste, etc. je ne pressens pas le moindre début de réflexion de certains patrons quant à l'iniquité de leur comportement. La preuve en est actuellement la masse de licenciements "préventifs" qui s'ajoutent quotidiennement aux licenciements économiques.

Alors la fin du Bonus, je vais devoir faire semblant d'y croire, mais si "gentil n'a qu'un oeil", moi j'en ai deux !