Dois-je aimer les faits divers ?

Faits divers, fumées ou symptômes ?

Jour après jour je m'étonne de la présence systématique de faits divers parmi les plus importantes informations quotidiennes. Des chiens méchants qui tuent une petite fille de 6 ans ; une petite fille "enlevée" par sa maman Russe ; un gamin de 6 ans qui se pend malencontreusement à un toboggan avec une corde à sauter sur un toboggan... il n'y a pas un jour sans que soit exhibé sur toutes les ondes, toutes les chaînes de TV, un triste fait divers, d'une importance à chaque fois toute relative.

J'avoue que c'est déroutant en ces temps de crise internationale, en ces temps de guerre en Afghanistan, en ces temps de troubles en Irak, en ces temps de tumulte en Israël, etc. Que peut-il bien y avoir derrière ces faits divers, et surtout dans cette volonté des médias de nous les infliger, de nous les raconter par le menu, comme si un syndrome Jean-Pierre Pernaud avait contaminé l'ensemble de la population journalistique.

Je sais qu'ils peuvent être la matière à très bon scénarios et nous offrir tantôt un magnifique livre de littérature, tantôt un film passionnant ("La Fille du RER" d'André Téchiné la semaine dernière), mais cela ne suffit pas à éclairer ma lanterne. Ces faits divers sont-ils les exutoires nécessaires à notre désarroi collectif devant la crise ? Sont-ils le signe qu'il faut absolument détourner notre attention des problèmes majeurs de ce monde ?

Rien n'est assez fort pour les endiguer, ni le 11 septembre, ni Kerviel, ni Madoff, ni le bombardement de la bande de Gaza. Sommes-nous donc assoiffés de ces torves histoires juste pour nous humaniser un peu, pour nous rassurer encore et nous dire que nous sommes pour la plupart des gens "normaux" ? Tant de questions auxquelles je ne sais répondre, hélas.

Néanmoins, la mise en avant systématique de ces tragiques petites histoires m'apparaît suspicieuse. Je ne comprends pas si ces actualités SONT intéressantes, où si la pression médiatique veut m'obliger à les CONSIDERER comme importantes et significatives, pour me rappeler que quels que soient les événements de ce monde, la vie continue, même assez cyniquement. Faits divers, soupapes obligatoires pour m'ôter la volonté de me rebeller devant certains drames plus larges ?

Retour à l'individualisme, au voyeurisme, pour éroder un peu mon sens du collectif et mon besoin de Fraternité ?