Le Royal pardon

Une leçon de communication. On a beaucoup commenté le voyage de Ségolène Royal à Dakar, au Sénégal, sa terre natale, où elle est allée faire état des collaborations qu'elle a mises en oeuvre entre ce pays et la région dont elle est la Présidente, Poitou Charente. On a beaucoup commenté aussi le fait qu'elle puisse porté un boubou que lui ont offert des femmes Sénégalaises, en cadeau de bienvenue, certain allant même jusqu'à la comparer, à sa femme de ménage. Comme c'est délicat. Mais cela n'est pas l'essentiel, puisque ce qui a retenu l'attention, c'est son "contre-discours de Dakar", critiquant 18 mois après, celui qu'avait prononcé le Président Nicolas Sarkozy, disant notamment que "l'homme africain n'était pas suffisamment entré dans l'histoire..." et qui avait lui-même fait grand bruit. Comme on a reproché à Nicolas Sarkozy son discours, on reproche à Ségolène Royal son "contre-discours". Je ne vais pas ici en ajouter, me gardant bien de tartiner encore sur "l'événement". Chacun pensera comme il veut sur le bien-fondé d'un discours comme de l'autre. Quant à celui de Sarkozy, si les Africains se sont sentis - à tort ou à raison - humiliés, il fallait en tenir compte, et probablement rectifier le tir. Quant à celui de Royal, elle pouvait exprimer sa vision de l'homme Africain, mais aller jusquà dire que la voix de Sarkozy n'était pas "la voix de la France et des Français", c'est une nouveauté indélicate. Je me contente de constater qu'à discours, discours et demi. Royal a réussi - et même si c'est contestable - une très belle opération de communication, dans le sillon d'un François Mitterrand au meilleur de sa forme. C'est lui qui n'avait pas hésité à répliquer à Giscard d'Estaing... 7 ans après l'offensive de ce dernier ! La communication est décidément un plat qui se mange froid, ou pour le moins très bien mijoté ! Je ne pense pas que le débat politique y gagne beaucoup sur les idées, ni même sur la forme. Signe de ces temps de "pipolisation" ? Y-a-t-il des responsables ? Le désir des électeurs ? Les médias qui relatent absolument tout ? Les personnages politiques prêts à tout pour être sur le devant ? Un goût immodéré pour le spectacle parce que les idéologies s'érodent ? C'est très complexe. Reste et demeure que Ségolène Royal aura réussi une belle opération de com'. C'est probablement moins intéressant que l'importance de l'homme Africain dans l'histoire pour nombre de gens, mais c'est un sujet de réflexion passionnant.