13 avril 2009
Nulle part, terre promise
Tristes voyages.
Trois personnages sillonnent l'Europe d'aujourd'hui. Un jeune cadre. Une étudiante. Un kurde et son fils. Vers l'est ou vers l'ouest, en camion, en business class, en stop, en train, avec ou sans papier, à travers l'Europe contemporaine, chacun en quête de sa terre promise.
Emmanuel Finkiel fait parfois l'acteur, et nous l'avons vu notamment dans "Le Pont des Arts" d'Eugène Green, et dans "De battre, mon coeur s'est arrêté" de Jacques Audiard, deux films chers à mon coeur. Il est aussi et surtout réalisateur, et nous propose son nouveau long métrage, après "Voyages" en 1999 et "Casting" en 2001.
Comme à chaque fois, il sait concevoir un mélange subtil de destinées personnels et nos vies collectives. Il réussit parfaitement, créant entre les deux approches, une osmose réussie.
A travers ces trois trajets particuliers, on perçoit nettement des éléments de nos vies : un cadre en Europe de l'Est supervise une délocalisation ; une étudiante trimballe sa caméra, en quête d'images, pour filmer cette Europe qui se meut ; un Kurde et son fils, dans un sordide camion, tâchent de rejoindre l'Eldorado que leur semble être l'Europe de l'Ouest, l'Angleterre plus précisément.
Le film parvient non seulement à montrer, mais aussi à suggérer comme à cacher, avec une discrétion aux antipodes de l'air du temps, très démonstratif. C'est salutaire, et c'est aussi probablement ce qui lui a valu très justement son Prix Jean Vigo 2008.
Je ne peux que conseiller ce film, car il n'est pas un "combat", ni une "leçon" ou un "discours". La force de suggestion d'Emmanuel Finkiel a selon moi davantage de force que les démonstrations boursouflées généralement assénées.
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