La photo politique.

Un gros plan sur le G20. Comme beaucoup, j'aime particulièrement cette photographie. On y devine l'embrassade de Sarkozy/Berlusconi ; on y pressent le sentiment embarassé de Barak Obama devant cette effusion ; on y comprend la diplomatie d'Angela Merkel. Voilà, désormais, dans bien des pays, on commente l'attitude de notre Président. La presse allemande, espagnole, US, GB, notamment, par le biais de journaux plutôt sérieux, jugez vous-mêmes : Bild, Spiegel, El Pais, NY Times, Time, Guardian, Daily Telegraph... Il ne faudrait pas croire que le Bling-Bling ait davantage la cote ailleurs. Nicolas Sarkozy, notre Président de la République, est par-delà nos frontières, considéré aussi comme un agité égocentrique, dont les commentaires ne s'embarrassent pas de la moindre diplomatie. Président légitime, certes, mais point homme d'Etat. Il s'est permis, lors de dîners pas si privés que ça, de moquer les uns comme les autres. Bien évidemment, lorsqu'il trouve à redire sur l'intelligence de Zapataro, sur la compétence de Gonzalez, sur les idées de Gordon Brown, etc. cela finit par se savoir. Ce grand adepte de la transparence pour tout, au sujet de tout, devrait comprendre que la marche du monde ne va pas ainsi, surtout lorsqu'on est placé si haut dans la hiérarchie des puissants de ce monde. => Maintenant, comment faire pour, faisant ces constats, ne pas être systématiquement traité d'anti-sarkozysme-primaire ? Il n'y a qu'à lire les réactions des internautes sur le site du Monde, de Libé, du NouvelObs... pour se rendre compte qu'ils sont truffés d'odes à la gloire de notre Président par des pigistes rémunérés par l'UMP, et pour prendre conscience que toute volonté, même pas de critiquer systématiquement, mais simplement d'émettre des réserves, et qu'il est presque impossible de se faire entendre sans aussitôt se faire insulter. => Pourtant, toute opinion reste légitime, la votre, la mienne, celle de tous. Et même, n'en déplaise, celle des journalistes ou des chefs d'états étrangers, sans que cela puisse justifier des diarrhées verbales UMPistes. Je me méfie, et je me suis toujours méfié, de ce que l'on appelle "l'opinion publique". Je lui accorde cependant sa légitimité, sa raison d'être... C'est signer une certaine largesse d'esprit. => "pov'con", "pouffiasse", "connard", "châtré", "salope", "débile", "idiote"... on connaît la rhétorique présidentielle, à l'encontre du quidam comme à l'encontre d'un adversaire, d'un parlementaire élu, d'un homologue étranger. C'est un style. Chacun est légitime à penser qu'il lui convient, ou qu'il ne lui convient pas. Pour ma part, il ne me convient pas. Etre élu, c'est aussi - et surtout ? - toute une série de devoirs et de responsabilités, parmi lesquels, si nous n'osons exiger l'éloquence, nous sommes en droit d'exiger, surtout à la fonction de Président de la République, le respect, le tact, la diplomatie. Certaines fois aussi, le silence. => Ce silence, je ne l'aurai pas ! Car même sur une photographie de lui, j'entends Nicolas Sarkozy. A mon grand regret.