Elections Européennes

7 Juin 2009 La campagne électorale pour les élections européennes peine à décoller. Pourtant, elle promettait, il y a quelques mois, d'être passionnante, puisqu'il était question de "refonder" le capitalisme, puis plus sobrement, de le "moraliser". En effet, l'échelon administratif européen semble est de taille nécessaire et suffisante, face aux Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde... pour porter une sérieuse réflexion sur les conséquences financières, économiques et sociales de l'ultra-libéralisme. Tout ça, c'est du passé. Nous voici revenus face à des antiennes déjà bien usées : immigration, Turquie, repli sur soi, sécurité. Nous voici revenus devant des journaux de 20H00 pollués de faits divers relatifs à la violence. Un fond de caisse qui ressert à tous les coups, et dont les citoyens devraient être las, et surtout, demeurer très dubitatifs et suspicieux. Les violences faites aux personnes augmentent, malgré une politique sécuritaire sans cesse accrue, malgré une vingtaine de lois nouvelles en France, depuis que Nicolas Sarkozy avait occupé le Ministère de la Place Beauvau. L'échec a beau être clairement mesuré et nettement relaté, rien n'y fait. Le gouvernement ne semble pas s'interroger sur les causes de l'accroissement de ces violences : pourtant il les connaît parfaitement. Le capitalisme est intrinsèquement source de violence, puisque dès lors qu'il y a exploitation de la plupart par une minorité, il y a résistance ; dès qu'il y a une résistance qui n'est pas entendue, cela dégénère. On ne peut même plus citer les travaux de recherche qui démontrent ce mécanisme qu'on ne peut les citer tous. Je me hasarde à suggérer la lecture de Mathieu Rigouste qui a écrit "L'ennemi intérieur, de la guerre coloniale au contrôle sécuritaire". (Paru dans Cultures & Conflits). Ensuite, je ne dirai rien de plus sur l'immigration et sur la Turquie : j'essaie sur ces points précis de ne pas tomber dans le radotage. C'est un sport que la droite UMP assume pleinement. Maintenant, restent les sondages (à prendre avec pincettes) : l'UMP devance le PS, recueillant à peu près 28% des voix. On connaît donc la conclusion du scrutin du 7 juin 2009 : "l'UMP a gagné les élections". A moins d'être abruti, endoctriné ou idéologue, nul ne croit cette sentence, un rien démagogique, destinée à être assénée à un électorat anesthésié. Même à l'Elysée tout le monde mesure combien cette sentence est fausse, à commencer par Nicolas Sarkozy soi-même. Toutes les projections chiffrées (même les plus "droitisées") réfléchissent, suite à la Présidentialisation voulue et assumée par le Président, au résultat suivant : sarkozystes 42% - anti-sarkozystes 58%. Autant énoncer clairement ce qui se trame : on aura volé les élections européennes et leurs résultats aux citoyens. Ceux qui perdront seront annoncés comme les vainqueurs. Mais cela ne va pas s'arrêter là, puisque la recette est trop bonne ! Il faudrait donc changer le mode de scrutin des élections législatives françaises, en instituant le "scrutin majeur à un tour" (plutôt qu'un scrutin à deux tours avec une dose de proportionnelle). Un tripatouillage qui permettrait à l'UMP de conserver la majorité absolue à l'Assemblée Nationale pendant longtemps. Donc, voilà le triste et malheureux portrait de ces élections européennes : une page blanche. L'UMP aura "gagné" avec 58% d'anti-sarkozystes en France. Une grosse louche de violence et de sécurité, une grande cuillerée d'immigration, une petite cuillerée de Turquie, des petites pincées d'un peu tout et n'importe quoi, et le tour sera joué. Non seulement ce gouvernement aura dépossédé la majorité des citoyens de leurs biens les plus précieux, les services publics, mais en plus, il aura imposé une sorte de dépossession de démocratie. Plus que jamais, le minuscule séjour de chacun dans l'isoloir aura des conséquences fondamentales.