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La Vie ChonChon
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24 mai 2009

Etreintes Brisées

Etreintes_Bris_esFoisonnantes passions... Dans l'obscurité, un homme écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture, dans lequel il n'a pas seulement perdu la vue mais où est morte Lena, la femme de sa vie. Cet homme a deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême, sous lequel il vit et signe les films qu'il dirige. Après l'accident, Mateo Blanco devient son pseudonyme, Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus diriger de films, il préfère survivre avec l'idée que Mateo Blanco est mort avec Lena, la femme qu'il aimait, dans l'accident. Désormais, Harry Caine vit grâce aux scénarios qu'il écrit et à l'aide de son ancienne et fidèle directrice de production, Judit García, et du fils de celle-ci, Diego. Depuis qu'il a décidé de vivre et de raconter des histoires, Harry est un aveugle très actif et attractif qui a développé tous ses autres sens pour jouir de la vie, sur fond d'ironie et dans une amnésie qu'il a volontairement choisie ou, plus exactement, qu'il s'est imposé. Il a effacé de sa biographie tout ce qui est arrivé quatorze ans auparavant. Il n'en parle plus, il ne pose plus de questions ; le monde a eu vite fait d'oublier Mateo Blanco et il est lui-même le premier à ne pas désirer le ressusciter... Une histoire d'amour fou, dominée par la fatalité, la jalousie et la trahison. Une histoire dont l'image la plus éloquente est la photo de Mateo et Lena, déchirée en mille morceaux. On se réjouit toujours d'aller voir le nouveau film de Pedro Almodovar. Et cette fois-ci encore, on ne ressort pas déçu. Le film est d'une très grande richesse (presque impossible à résumer), d'une belle densité, réalisé avec sophistication et élégance. Jalousie, cécité, secrets, mélancolie, passé perdu, langueur, amour du cinéma... chaque composante est sublime. Et l'ensemble est de très belle facture, indéniablement. La distribution, elle aussi est très riche : Penelope Cruz (Lena) ; Blanca Portillo (Judit) qui mériterait un prix d'interprétation pour la complexité de son jeu (si Charlotte Gainsbourg n'était pas là !) ; Lluis Homar (Mateo/Harry) dont la carrière international devrait s'étendre encore ; Jose Luis Gomez (Hernesto) subliment jaloux ; Ruben Ochandiano (Ray X) ; Tomar Novas (Diego) sublime ; et le plaisir de retrouver la grande Angela Molina... chaque rôle est parfaitement distribué. Je regrette pour ma part la focalisation faite sur la seule et belle Penelope Cruz, au prétexte que Hollywood ne lui a jamais donné de grand rôle. Si Pedro Almodovar assume avec brio sa maturité depuis déjà longtemps ("Tout sur ma mère", "Parle avec elle", "La mauvaise éducation") il ne se prive pas un clin d'oeil avec sa fougueuse jeunesse, proposant un film dans le film, clin d'oeil appuyé à "Femmes au bord de la crise de nerfs". Alors oui, chaque composante de ce film est une incontestable merveille. Pourtant, au final, nous sommes devant un excellent film, parfaitement maîtrisé, très sensible, mais nous ne sommes pas devant un pur chef d'oeuvre. Pour ma part, je ne lui accorderais pas la Palme d'Or. Pourtant, quel titre sublime ! Mais il ne faut pas bouder son plaisir : c'est un film si riche, si foisonnant, qu'il mérite d'être vu et revu sans aucune restriction. Pedro Almodovar est un des plus grands réalisateurs contemporains. Incontestablement.
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