Zion et son Frère

Adolescente Fraternité.

Zion, 14 ans, et son frère Meir, 17 ans, sont en conflit après un terrible accident de train, dans lequel leur voisin, un immigrant éthiopien, a été tué. Les deux frères qui pensent être responsables de la mort de celui-ci décident de garder leur secret...

C'est toujours un plaisir de découvrir un jeune réalisateur. Evan Merav, scénariste et réalisateur israélien, pour son premier film, nous laisse à penser qu'il faudra le suivre.

Il s'agit ici d'une chronique, âpre et intense, sur la difficile fraternité entre Zion, qui entre dans l'adolescence, et Meir, qui ne tardera pas à en sortir. Sue ce point, quelques scènes intimistes sont particulièrement réussies. Les moments de tendresse comme de disputes sont réussies.

Alors que Evan Merav souhaitait inscrire dans un contexte politique, économique et social précis et actuel (selon une interview que j'ai lue) il faut bien dire que de ce point de vue, ce n'est pas très réussi. Il y a même une espèce "d'universalité" dans son film, à l'opposé de ce que j'ai lu. J'aurais aimé, pour ma part, que ce contexte soit plus présent.

D'autre part, le réalisateur semble satisfait de ses plans, de ses cadrages. Il faut bien dire que ce n'est pas "Beaufort" de Joseph Cedar, sorti en 2008. De plus, cet effort était particulièrement vain, certes parce que c'est raté, mais aussi parce que le film lorgne assez clairement du côté du néo-réalisme italien et du minimalisme. Le film n'en est pas gâché pour autant.

La réussite du film tient surtout à son casting et à son interprétation. Que dire de plus sur Ronit Elkabetz, qui joue la mères des deux adolescents ? A mes yeux, c'est une des plus grandes comédiennes de sa génération, et ici encore, elle est parfaite.

Enfin, il convient de s'attarder sur Reuven Badalov (Zion) et Ofer Hayun (Meir) qui offrent la candeur, mais surtout la fougue et la violence de leur jeunesse à leur interprétation. Ils parviennent parfaitement à restituer leurs tourments à l'écran, alors même qu'ils ont toutes les difficultés du monde à les exprimer oralement.

C'est là que Evan Merav aurait du poser toute son énergie : la direction d'acteurs et la façon de les filmer. Il est évident que Ethan Fox aurait mieux capté tout le magnétisme et la sensualité que dégage Ofer Hayun dans la splendeur de sa jeunesse.

Au final, le film est toutefois plutôt réussi. Mais il lui manque la passion qu'on su jeter sur l'écran Gaël Morel dans "Le Clan" ou Joachim Lafosse dans "Nue Propriété".