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14 août 2009

Le temps qu'il reste

Le_temps_qu_il_restePalestine, mon amour.

"Le temps qu'il reste" (The Time That Remains) est un film en partie autobiographique, construit en quatre épisodes marquants de la vie d'une famille, ma famille, de 1948 au temps récent.
Ce film est inspiré des carnets personnels de mon père, et commence lorsque celui-ci était un combattant résistant en 1948, et aussi des lettres de ma mère aux membres de sa famille qui furent forcés de quitter le pays.
Mêlant mes souvenirs intimes d'eux et avec eux, le film dresse le portrait de la vie quotidienne de ces palestiniens qui sont restés sur leurs terres natales et ont été étiquetés "Arabes-Israéliens", vivant comme une minorité dans leur propre pays.

Auréolé du Pris de la Mise en Scène à Cannes, j'attendais impatiemment ce film d'Elia Suleiman. Pas uniquement pour ce pris, mais surtout parce que j'avais beaucoup "Chronique d'une disparition" (1996), "Cyber Palestine" (2001), et évidemment, "Intervention Divine" (2002).

La mise en scène est magnifique : techniquement, superbes plans fixes et cadrages géométriques suscitant une espèce d'émotion formelle (ou formaliste) qu'on voit peu au cinéma.

Si c'est statique, cela n'en est pas moins subversif. Dans un long flash-back, Elia Suleiman revient sur la Palestine d'antan (1948-1970), et s'attache aussi dans un second temps, à la Palestine d'aujourd'hui. Nazareth, Ramallah. Défilent un grand nombre de saynètes, comme autant de vignettes cinématographiques, assumant pleinement un comique de répétition.

Car le film est drôle, de ce comique poétique et mélancolique. La facétie d'Elia Suleiman génère une infinie tristesse, presque universelle. Il dit beaucoup en parlant peu, le film étant presque mutique. Superbe dépouillement. Elia Suleiman est une sorte de Buster Keaton, ou plutôt de Quentin Crisp hiératique qui aurait été relooké par Yoji Yamamoto. Il produit, juste physiquement, un rire tendre.

Outre Elia Suleiman, qui joue son propre rôle dans la Palestine d'aujourd'hui, on retrouve Saleh Bakri, excellent (et beau) comédien. On l'avait découvert dans "La visite de la fanfare" d'Eran Kolirin en 2007, au côté de Ronit Elkabetz, puis retrouvé dans "Le sel de la mer" d'Annemarie Jacir en 2008, deux excellents films.

Pour ma part, ni dans le fond, ni dans la forme, je n'ai perçu le moindre défaut dans ce film poétique et mélancolique, pourtant nourri de gags clownesques, souvent audacieux. A voir absolument.

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