23 août 2009
Memory of Love
Amour perdu, amour retrouvé.
Hongzhu en Chine, de nos jours. Une jeune femme, He Sizhu, et son amant, Chen Mo, ont un accident de voiture. Quand elle se réveille à l'hôpital où Li Xun, son mari, travaille comme chirurgien, He Sizhu a tout oublié des trois dernières années. Son amant est devenu un inconnu pour elle. Conscient de sa trahison, son mari choisit de la laisser vivre dans ce passé où ils étaient passionnément amoureux.
Petit à petit, le fossé entre le temps et la perception de la réalité se referme. Le destin, inévitable, reprend le dessus. Afin de ne pas perdre sa femme, Li Xun doit dépasser la peine causée par sa trahison et trouver, dans son amour pour elle, la force de tout recommencer. Mais l'amant de He Sizhu veut également la récupérer...
Voici le quatrième film de Wang Chao, qui a fait bien du chemin depuis le temps où il était le premier l'assistant de Chen Kaige (sur "Adieu ma concubine" en 1993, sur "L'empereur et l'assassin" en 2001) et il s'affirme désormais comme un scénariste-réalisateur chinois de premier plan. Ses trois premiers films évoquaient la Chine des défavorisés ("L'orphelin d'Anyang" en 2002 ; "Jour et nuit" en 2005 ; "Voiture de luxe" en 2006), et c'est la première fois qu'il écrit et réalise sur la Chine de la classe "moyenne aisée". C'est tout aussi intéressant.
Son écriture et sa réalisation son sobres, sans artifices. La construction est élaborée, avec un réussi tissage de flash-back. Son travail sur la lumière, toute en tonalités froides, est très réussi, et contribue à la mélancolie que dégage tout le film. Tout le soin qu'il apporte à son film pose un voile d'anxiété qui ne quitte jamais le spectateur, de façon délicate, troublante, presque anxiogène.
Le sujet, celui d'un amour fragile perdu qu'on souhaite reconquérir est un beau sujet, surtout lorsqu'on y proscrit toute esbrouffe, toute tentative d'exploit chez les protagonistes.
Et à ce propos, l'interprétation est remarquable. Outre le plaisir, dans un tout autre registre, de retrouver la délicieuse Yan Bingyan qu'on vient de découvrir dans "Portrait de femmes chinoises", on découvre dans le rôle de son époux qui souhaite re-séduire son coeur, l'étonnant Naiwen Li. Son jeu est d'une délicatesse rarissime, et il vous prend l'envie de le serrer dans vos bras. Son mutisme, sa patience et son désir de reconquête sont crédibles et touchants.
Impossible enfin, de ne pas évoquer la musique. "Pavane pour une infante défunte" de Maurice Ravel, conjuguée avec un morceau du génial bandéoniste argentin Astor Piazzola, colle parfaitement à l'amour et au désenchantement. 'Cela m'a même évoqué, toutes proportions gardée, le parfait "Happy Together" de Wong Kar Waï).
Au rayon des bonnes surprises de l'été, ce film a pour moi une résonance toute particulière.
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