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7 septembre 2009

Tu n'aimeras point

Tu_n_aimeras_pointEyes Wide Open

Aaron est un membre respecté de la communauté juive ultra-orthodoxe de Jérusalem. Marié à Rivka, il est le père dévoué de quatre enfants.
Cette vie en apparence solide et structurée va être bouleversée le jour où Aaron rencontre Ezri.
Emporté et ému par ce bel étudiant de 22 ans, il se détache tout doucement de sa famille et de la vie de la communauté. Bientôt la culpabilité et les pressions exercées par son entourage le rattrapent, le forçant à faire un choix...

Le premier film de Haim Tabakman (34 ans) choisit un sujet assez périlleux mais plausible, au titre français qui sonne comme un commandement irrévocable, tandis que son titre original, "Eyes Wide Open", sonne comme une invitation à ouvrir les yeux sur une chose qui n'existe pas, puisque l'homosexualité n'est même pas envisageable comme une possibilité dans la communauté juive ultra-orthodoxe. Il s'agit donc bien d'un plaidoyer pour la liberté sexuelle.

La mise en scène est impeccable, le récit est aussi épuré qu'un rituel religieux. L'univers chromatique du film comme le choix d'un morceau d'opéra lancinant participent de la subtilité et de la sensibilité du film, tout en psychologie. Le long plan séquence qui mènera jusqu'au premier baiser d'Aaron et Ezri dans la chambre froide de la boucherie est particulièrement réussi.

Un attentat meurtrier survenu dans un quartier de rendez-vous gay de Tel Aviv quelques semaines avant sa sortie fait aussi résonner le côté politique de ce film (co-produit par ARTE dont la présence de BHL au conseil d'administration revêt une certaine importance), sujet politique donc, déjà abordé dans d'autres films israéliens.

Il me semble que le film est particulièrement réussi parce qu'il se garde de juger le mode de vie de la communauté juive orthodoxe de l'Israël d'aujourd'hui, se contentant d'en observer les rites avec une minutie de grand observateur.

Zaher Strauss (Aaron, le boucher) et Ran Danker (Ezri, l'étudiant apprenti) parviennent à jouer le désir très subtilement, avec sensibilité, notamment dans leurs regards. Les corps-à-corps où les désirs s'assouvissent offrent aussi aux deux acteurs des sourires libérateurs. Je ne connaissais pas ces deux acteurs, mais il me tardent déjà de les revoir dans des rôles moins contraignants. Nul doute que la grande beauté de Ran Dankar lui permettra de recevoir des propositions.

Aux antipodes de toute hystérie, "Tu n'aimerais point" (deuxième incantation, "interdiction" de la semaine après "Non ma fille tu n'iras pas danser" de Christophe Honoré) nous interroge sur les restrictions que nous imposons, sur les limites de nos libertés ici ou là.

Un très bon film à aimer, presque comme une recueillement.

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