Les Regrets

Les amants terribles.

Mathieu Lievin, 40 ans, architecte parisien, prend la route pour rejoindre la petite ville de son enfance où sa mère vient d'être hospitalisée en urgence. Dans la rue, il croise Maya, son amour de jeunesse, qu'il n'a pas revue depuis quinze années. Accompagnée d'un homme et d'une petite fille, elle ne lui adresse pas la parole. Deux heures plus tard, le téléphone sonne dans la maison familiale : c'est Maya qui l'invite à venir la retrouver chez elle. Il hésite un court instant puis accepte...

Il y a toujours quelque chose d'intéressant dans un film du scénariste et réalisateur Cédric Kahn. "Bar des Rails" en 1991, "Trop de bonheur" en 1994, "L'ennui" en 1998, le superbe "Roberto Succo" en 2001, "Feux rouges" en 2004, "L'avion" en 2005 ont tous une place particulière dans le cinéma français, mais si à mon sens, il est un peu surestimé, probablement par snobisme.

Ici, nous sommes devant une passion dévastatrice, entre deux écorchés vifs, intense jusqu'au vertige. C'est à la fois beau et cruel, et les protagonistes semblent toujours sur la corde raide, comme dans une situation d'urgence, où la tension ne fléchit jamais. C'est tout le talent de Cédric Kahn que de filmer cette passion comme une course poursuite, ponctuée de trajets en voiture ou en TGV, dans un mouvement perpétuel.

Les comédiens principaux Yvan Attal et Valéria Bruni Tedeschi servent leurs dialogues percutants avec leur talent habituel, et se livrent à une interprétation charnelle parfaitement crédible. Il faut noter le rôle de l'excellent Philippe Katherine qui parvient à exister à l'écran malgré la modestie de son rôle.

Mais, car il y a bien un mais, ces allers-retours incessants où Mathieu et Maya se retrouvent, hésitent, se jettent dans les bras l'un de l'autre, puis se séparent, se retrouvent, se quittent, se re-retrouvent, se re-quittent... finissent un peu par lasser, d'autant que leur hystérie jamais ne s'apaise. Cette passion en boucle a quelque chose d'immature qui aurait peut-être mieux convenu à des protagonistes plus jeunes.

On est loin donc de l'excellence de "Roberto Succo", et le scénario aurait beaucoup gagné à fouiller davantage les aspects psychologiques de ces amants terribles dont on comprend tous les ressorts dans les vingt premières minutes sans que jamais ils n'évoluent.

Reste la très belle interprétation d'Yvan Attal et de Valéria Bruni Tedeschi. Mais ça n'est pas tout à fait suffisant, d'autant que le sujet du film, la passion dévorante, n'est pas rare au cinéma.