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7 septembre 2009

Montrer du doigt i

Montrer_du_DoigtBoucs-Emissaires.

Admettre la complexité de certaines problématiques, et être constamment animé par le doute, voilà qui m'apparaît de bonnes bases pour envisager une réflexion construite. Pourtant, force est de constater, que ce soit dans les média, soit au gouvernement, et trop souvent hélas à l'Elysée, on assène des slogans et on désigne des boucs-émissaires pour répondre à tout, même dans domaines les plus difficiles.

* Le changement climatique et la pollution, c'est désormais limité aux émissions de CO2 des contribuables, et la réponse, c'est la taxe carbone. Tout ce qui concerne les autres pollutions (terre, eau) est balayé, toutes les causes son tues (industrie, agriculture), et on montre du doigt le seule automobiliste et son passage à la pompe à essence.

* Le chômage qui ne cesse d'augmenter, c'est simplement à cause de la crise, et on fait fi des délocalisations et des charrettes "préventives". La seule coupable est donc la crise, et on ne va pas au-delà.

* Pour ce qui est de la crise financière, à l'origine de la crise économique et sociale que nous vivons, c'est bien simple : c'est les traders et leur bonus ! Qui peut encore admettre un tel raccourci ? Kerviel devient le diable, et les banques pourront aller laver plus blanc très bientôt.

* La dette ? Les déficits publics ? C'est une évidence, il y a trop de fonctionnaires ! Inutile d'évoquer la loi Tepa ; le cadeau fiscal fait aux restaurateurs et aux limonadiers ; la suppression de la taxe professionnelle ; l'iniquité du taux de TVA sur certains produits (alors qu'on devrait restaurer une TVA majorée sur certains produits de luxe, tels les bijoux, les fourrures, les 4x4...) ; les niches fiscales (70 milliards €) ; la gruge fiscale (50 milliards €) ; etc... Non, ce sont les fonctionnaires en surnombre qu'on ne remplace pas pas, pour économiser 1/2 milliard € par an !

* Le trou de la sécurité sociale ? Ce sont forcément les malades qui en sont la cause ! N'allez pas évoquer la main lourde de certains médecins ou le pouvoir indécent des industries pharmaceutiques... Evoquer un climat anxiogène qui susciterait la grimpée des ordonnances de psychotropes ? Trop subtil. Le trou, ce sont les malades qui le creusent, c'est aux malades de le réduire. Point.

* Il y aurait un recul de la recherche en France depuis quelques temps ? Au lieu de songer à financer abondamment de grands projets relatifs aux secteurs d'avenir, il suffit de montrer du doigt les enseignants-chercheurs, et le tour est joué ! Se demander si le CNRS (6ème publieur à l'échelle mondiale avec des fonds ridicules !), l'INRA, l'INRIA, l'INSERM etc... doivent être repensés, réorganisés et abondés en fonds publics serait trop complexe, alors on montre du doigt les enseignants-chercheurs !

* On constate une recrudescence de la violence ? N'allons pas regarder un quelconque contexte économique et social, de pointer un climat répressif contre-productif, et contentons-nous de montrer du doigt des économies parallèles de shit et des sans-papiers, ça suffira bien pour contenter l'opinion publique et expliquer le phénomène.

=> Certes, le CO2, la crise actuelle, les fonctionnaires, les impôts, le système de santé, le statut des enseignants-chercheurs, les sans-papiers, les économies souterraines... sont autant de sujets sur lesquels il convient de réfléchir, mais tous sont à repenser en globalité et non pas en désignant ici et là, systématiquement, un ou quelques boucs-émissaires.

=> Convient-il de toujours demander à des économistes, à des financiers, à des experts, à des démagogues de répondre super-brièvement à ces diverses problématiques, alors même qu'ils sont souvent juges et parties ? Ne conviendrait-il pas de demander à ceux qui fouillent dans les tréfonds de notre société globalisée, et leurs constats et leurs propositions : les philosophes ?

=> Ils n'ont qu'un défaut : ils admettent la complexité, travaillent avec en y faisant face, définissent et manient des concepts ardus, et avancent des propositions peu télévisuelles. Pourtant, c'est bien à eux qu'il faudrait se fier, plutôt qu'à la meute qui nous gouverne et la horde opaque qui la conseille. Mais Marcel Gauchet (au hasard) est ringard tandis que Jacques Séguéla est médiatique.

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