La Vida Loca

Dans un gang de San Salvador

On les appelle les Maras. Construits sur le modèle des gangs de Los Angeles, ces groupes de jeunes sèment la terreur dans toute l'Amérique Centrale. Plongée dans les banlieues de San Salvador dans le quotidien des membres d'une armée invisible. Nouveau fléau mondial qui détruit par la violence aveugle les principes démocratiques et condamne à mort une jeunesse privée de tout espoir d'avenir.

Christian Poveda a payé de sa vie son immersion totale dans la vie d'un gang au Salvador, se faisant tuer par balles. Un prix évidemment monstrueux, pour le courage d'un homme nous livrant ses observations sur un univers reclus.

J'ai eu la chance de voir deux de ses précédents documentaires, parce que Christian Poveda avait porté son attention sur deux sujets très intéressants à mes yeux. En 1996, je l'avais rencontré, lorsqu'il réalisait "On ne tue pas que le temps", où il s'intéressait au renouveau militant initié par "Act'Up", contre le sida (le "radicalisme" qu'il filmait était clairvoyant). En 1998, "Voyage au bout de la droite" s'intéressait à l'extrême droite en France (quatre ans avant 2002 !). 

Ici, dans cette co-production Mexique-Espagne-France, Christian Poveda prend le parti très intelligent de nous démontrer, au delà de la violence, que les membres de ces gangs sont aussi et surtout des victimes. 

C'est brut, fort, puissant, cru et cruel, en parvenant à déclencher un sentiment d'empathie pour ces personnes devant lesquelles le réalisateur s'efface totalement. Le film est ponctué par les morts, les enterrements, les chagrins déchirants chez ces abandonnés de la société, embrigadés souvent au seuil de l'adolescence.