La Famille Wolberg

Drôle mélodrame.

Il est capable de faire un discours étonnant sur la soul américaine à des écoliers éberlués, de se mêler de la vie privée de ses concitoyens, ou encore de faire jurer à sa fille de 18 ans que jamais, au grand jamais, elle ne quittera la maison familiale. C'est Simon Wolberg, maire d'une petite ville de province, amoureux fou de sa femme, père envahissant et fils provocateur ! C'est l'obsession de la famille qui porte cet homme. Qui le pousse à mettre à l'épreuve ces liens, à en vérifier la force et la fragilité...

Axelle Ropert, ancienne critique de cinéma, nous propose son premier long métrage. Une femme qui a participé, ou comme actrice, ou comme scénariste, à "La France" de Serge Bozon et "Le Pont des Arts" d'Eugène Green, ça retient nécessairement mon attention.

Je ne le regrette absolument pas, car son film, une sorte de mélodrame iconoclaste, singulier, stylisé, maîtrisé est une fantaisie très attachante, d'une profondeur qui n'est pas appuyée. Et j'apprécie beaucoup les réalisateurs qui parviennent à conserver une certaine légèreté, qui n'insistent pas lourdement pour diffuser leur propos.

Beaucoup de sentiments ordinaires viennent nourrir les personnages : l'affection, l'incompréhension, la jalousie, l'autorité, l'angoisse, la jalousie, et cela nous les rends très attachants, à travers des dialogues volontairement non-naturalistes et très poétiques.

La distribution fait beaucoup pour le film : Valérie Benguigui (la mère), Valentin Vigourt (le fils), Léopoldine Serre (la fille), et surtout l'excellent François Damiens (le père) qui propose une partition magnifique. Après avoir endosse des seconds rôles dans tout un florilège de films souvent comiques mais pas toujours, (OSS 117, Dikkenek, Cowboy, Les Hauts Murs, Le Premier Venu, JCVD, Incognito...) lui échoit enfin un rôle à sa dimension. Car cela ne fait aucun doute, c'est un très grand comédien, plein de toute la "belgitude" qu'on aime.

Il ne faut pas hésiter à aller voir ce film, sans esbroufe, qui sait naviguer sur les sentiments les plus humains, les plus humanistes, nous rendant ses protagonistes presque proches et amicaux, dans une poésie assez rare au cinéma. Et bien sûr, pour la prestation de François Damiens, que j'aime beaucoup.