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1 février 2010

Le Refuge

Le_RefugeL'absence...

Mousse et Louis sont jeunes, beaux et riches, ils s'aiment. Mais la drogue a envahi toute leur vie. Un jour, c'est l'overdose et Louis meurt. Mousse survit, mais elle apprend qu'elle est enceinte. Perdue, elle s'enfuit dans une maison loin de Paris. Quelques mois plus tard, le frère de Louis la rejoint dans son refuge.

Le cinéma de François Ozon, même s'il n'est ni toujours abouti, ni toujours réussi, est toujours intéressant. On se souvent de son admiration pour Fassbinder, perceptible dans "Sitcom" en 1998, et plus évidemment dans le magnifique "Gouttes d'eaux sur pierres brûlantes" en 1999.

Il a su aussi filmés la fougue et les drames de la jeunesse dans "Les Amants Criminels" en 1999, et s'interroger brillamment sur la mort avec "Le temps qui reste" en 2005, offrant à Melvil Poupaud un de ses plus beaux rôles. D'un autre côté, il nous a aussi proposé des films plus "embourgeoisés", moins vigoureux.

"Le Refuge" me semble plus mûr et plus sage, s'éloignant de Fassbinder, lorgnant du côté de Christophe Honoré, conservant cependant ses thèmes de prédilection : le poids de l'absence, le refus de la norme, la transmission. 

Au final, c'est un film sensible, doux, émouvant et mélancolique, qui ne s'encombre pas, volontairement, d'un scénario très étoffé, pour se concentrer sur ses personnages. Et là, il faut souligner la qualité de l'interprétation, à commencer par Isabelle Carré qui joue tout en douceur, sans jamais avoir la volonté, comme certaines actrices, de "crever l'écran". 

Melvil Poupaud confirme tout son talent, et 2010 devrait être une belle année pour lui, puisqu'il est au générique de 4 films. C'est un acteur qui a su conserver sa part de mystère, et qui sait exprimer des sentiments aussi profonds que complexes. Lui non plus ne sombre pas dans la "performance". ""Les sentiments" de Noémie Lvovsky en 2003 et "Eros Thérapie" de Danièle Dubroux en 2004 avait déjà révélé sa grâce et sa sensibilité. 

On découvre Louis-Ronan Choisy, plus musicien-chanteur qu'acteur, au timbre qui nous rappelle Alex Beaupain, pour rester dans la référence à Christophe Honoré. Ozon le filme parfois en gros plan avec beaucoup de délicatesse, presque admiratif de sa paupière alanguie derrière laquelle se cache probablement un beau mystère.

Enfin, il y a dans un rôle plus second, Pierre Louis-Calixte, que j'avais vu dans deux films que j'ai beaucoup aimé : "Voici venu le Temps" du génial Alain Guiraudie en 2005 puis "La Part Animale" de Sébastien Jaudeau en 2007. Il a une "gueule de cinéma", et j'ose espérer que François Ozon lui aura ouvert des portes, pour étoffer sa carrière.

"Le Refuge" est un bon film, moins "démonstratif" que certains films du réalisateur, s'attardant donc sur l'absence de celui qui est mort. Même si sur le sujet je préfère "17 fois Cécile Cassard", j'avoue qu'avec un postulat de départ très difficile (une femme veuve, seule, droguée et enceinte) François Ozon est parvenu à nous proposer la reconstruction d'une femme très intéressante.

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