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7 février 2010

Lebanon

Lebanon

Huis-clos de guerre.

"Je venais d'avoir 19 ans en mai 1982. La vie était belle. J'étais amoureux. Ensuite on m'a demandé de partir sur une base militaire et d'être le tireur du premier tank à traverser la frontière libanaise. Cela devait être une mission d'une journée toute simple mais ce fut une journée en enfer. Je n'avais jamais tué quelqu'un avant cette terrible journée. Je suis devenu une vraie machine à tuer. Quelque chose là-bas est mort en moi. Sortir ce tank de ma tête m'a pris plus de 20 ans. C'est mon histoire."

Samuel Maoz, à partir de son expérience personnelle, pointe sa caméra vers son passé personnel, pour incarner ses cauchemars, les affronter, et filmer l'horreur de la guerre.

Il faut rapprocher ce film de "Beaufort" de Joseph Cedar (2008) et de "Valse avec Bachir" de Ari Folman (2009), car ils constituent une passionnante trilogie sur la première guerre du Liban, survenue en 1982. Ce troisième volet, selon moi, n'atteint pas la qualité des deux précédents, malgré d'évidentes qualités. Pour ma part, "Beaufort" demeure un chef d'oeuvre.

Ici le huis-clos est maîtrisé, et le petit espace qu'offre le tank est anxiogène. Pourtant, lorsque je pense à "Streamers" de Robert Altman (guerre du Vietnam, dans le huis-clos d'un dortoir), j'ai été ici mois éprouvé. Quoi qu'il en soit, l'obscurité, la promiscuité parviennent à bien faire ressortir ce qui pétrit les protagonistes : instinct de survie contre révolte morale. On ressent l'épreuve initiatique, l'expérience humaine, la découverte de l'autre. 

Je me suis posé la question sur le huis-clos en soit, puisqu'à l'opposé, Terrence Malik, dans les grands espaces sublimes de "La Ligne Rouge" parvenait aussi à décrire, et surtout à faire ressentir, toutes ces sensations anxiogènes. Il y a à mon sens, sauf à avoir un talent hors du commun, quelque chose d'artificiel à utiliser le huis-clos pour imiter le "naturel". Le voyage intérieur n'a peut-être pas besoin du huis-clos physique pour être décrit.

Reste et demeure que Samuel Maoz réussit son pari technique. Le plus oppressant reste la bande son, absolument admirable, et on a l'impression d'entendre chaque grincement de métal, chaque mouvement du tank.

Il y a la distribution, admirable, qui là encore nous évoque "Beaufort" avec Itay Tiran (Assi) et Oshri Cohen (Hertzel). Ce dernier était aussi dans "Mes plus belles années" de Reshef Lévy en 2008 avec Michael Moshonov (Yisal). On retrouve aussi Zohar Strauss (Jalil, celui qui n'est pas constamment dans le char) et qu'on avait adoré dans "Tu n'aimeras point" de Haim Tabakman l'an dernier. Et on découvre l'impressionnant Yohav Donat (Shmulik).

Il ne faut pas hésiter à aller voir "Lebanon", qui, sous la houlette de Arte, nous confirme encore la vitalité du cinéma israélien, et qui sait porter un regard intelligemment critique sur la guerre, au travers d'un regard personnel. Je conseillerais d'en profiter pour voir ou revoir l'indispensable "Beaufort" et le désormais classique "Valse avec Bachir", sur le même sujet.

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