La Révélation

Justice pénale internationale.

2009, Tribunal Pénal International de La Haye. Goran Duric, ex-Général en passe d'accéder à la présidence Serbe, comparaît pour crimes contre l'humanité. En charge de l'accusation, la Procureure Hannah Maynard est très vite discréditée par les déclarations mensongères d'Alen Hajdarevic, son unique témoin. Elle réalise alors que Mira, la soeur d'Alen, en sait beaucoup plus sur l'accusé qu'elle ne veut bien l'avouer. Malgré les risques encourus pour sa vie rangée en Allemagne, Mira cède aux pressions d'Hannah et décide de témoigner. Mais c'est là sans compter sur les rouages juridiques du Tribunal et autres collusions politiques auxquels elles se retrouvent bientôt toutes deux confrontées. Jusqu'à mettre à l'épreuve leur complicité...

Hans-Christian Schmid est un cinéaste très intéressant ("Au loin, les lumières" en 2004, "Requiem" en 2006) qui ne succombe pas aux modes. Il nous propose cette semaine un thriller politique, tendu, intelligent et complexe, qui nous évoque les films engagés des années 1970. Il y a mis toute la rigueur et le réalisme documentaire qui convient à son sujet.

S'intéresser à la collusion de la politique et de la justice, s'attacher à décrire la folie aveugle de la bureaucratie et l'obstination des justiciers, n'est sans doute pas un choix qui permettra de solliciter un large public, et c'est dommage, car le film le mériterait.

A cette justice pénale internationale qu'il décrit, le réalisateur ajoute la description subtile du lien qui se noue entre la Procureure et sa principale témoin, ce qui enrichit considérablement le propos.

Le casting international est parfait : Kerry Fox (Hannah) est admirable ; Anamaria Marinca ("4 mois 3 semaines 2 jours", Palme d'Or à Cannes, de Cristian Mungiu en 2007) porte en elle une force et une détermination très rares ; Stephen Dillane ("Klimt" de Raoul Ruiz en 2006) est d'une ambiguïté presque cynique ; Rolf Lassgard, avec sa réelle "tronche de cinéma" ("After the wedding" de Suzanne Bier en 2008) promène sa fausse bonhomie avec une rare aisance ; et Alexander Fehling ("Inglourious Basterds" de Quentin Tarentino en 2009) est impeccable dans un rôle difficile de discrétion.

"La Révélation" a retenu toute mon attention du début à la fin. La justice internationale est certes boiteuse et imparfaite, mais au moins elle existe, et c'est une grande avancée de la démocratie. Et pour nous le rappeler, Hans-Christian Schmid a pris le soin de l'incarner dans un casting parfait.