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La Vie ChonChon
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22 mars 2010

Soul Kitchen

Soul_KitchenMusique et gastronomie en partage.

Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, traverse une mauvaise passe. Sa copine Nadine est partie s'installer à Shanghai, les clients de son restaurant, le Soul Kitchen, boudent la cuisine gastronomique de son nouveau chef, un talentueux caractériel, et il a des problèmes de dos !
Zinos décide de rejoindre Nadine en Chine, et confie son restaurant à son frère Illias, fraîchement sorti de prison. Ces deux décisions se révèlent désastreuses : Illias perd le restaurant au jeu contre un promoteur immobilier véreux, et Nadine a quelqu'un d'autre dans sa vie ! Mais les deux frères ont peut-être encore une chance de sauver le Soul Kitchen, s'ils parviennent à s'entendre et à travailler en équipe.

Fatih Akin, que voulez-vous, je l'aime beaucoup. Avoir réalisé "Head-On" (2004) n'est pas donné à tout le monde. Avoir enchaîné avec "Crossing the bridge" (2005) et "De l'autre côté"", c'est avoir concocté trois véritables bijoux avant 40 ans. Maximum respect. Alors il n'est pas surprenant que je sois allé du bon pied voir "Soul Kitchen", auréolé d'un Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise.

Pour changer, Fatih Akin nous propose une comédie : une bande de trentenaire à la croisée des chemins, évoluant dans un milieu plutôt marginal et underground, dont les malheurs nous font bien rire. Et c'est impossible de le contester, le film est drôle, chaleureux, libre, burlesque, loufoque et truffé de gags toujours farfelus. Il s'en dégage une bonne humeur, une énergie, une sorte d'optimisme de la vie au quotidien, qu'on voit peu au cinéma.

Mais le film n'est pas uniquement une comédie : le réalisateur prend le soin d'évoquer un contexte économique, social et politique de l'Allemagne d'aujourd'hui, sans en faire des tonnes, mais sans manquer de pertinence. Cette légèreté de ton va déplaire à Télérama et aux Inrockuptibles, mais on s'en fout ! Autour de la musique et de la gastronomie (symboles de choses partagées), Fatih Akin nous parle du vivre-ensemble, de l'humanisme, de la fraternité.

Il distille aussi ses thèmes de prédilection que sont la tolérance, le rêve, l'amour, l'engagement, l'attachement, le pardon. Même en restant drôle et enjoué, il ne tombe jamais dans la mièvrerie.

La distribution constitue une joyeuse cohue, qui joue à l'unisson, toujours "un ton au-dessus" pour assumer la cocasserie de l'ensemble. Adam Bousdoukos, Moritz Bleibtreu (star allemande depuis sa plus tendre enfance), Birol Unel (sublime, comme dans "Head-On", et qui me rappelle Pascal Greggory), Pheline Roggan, Anna Bederke (excellente et sublime à tomber, quand le cinéma français de peut que nous proposer la fade Elisa Sadnaoui dans "Bus Palladium"), le vieux et très amusant et décalé Demir Gökgöl, Wotan Wilke Möhring...

Un film peut être une comédie sans pour autant sombrer dans la mièvrerie, sans avoir recours aux gros ringards : ici, dans un ton volontairement loufoque, autour de la musique et de la gastronomie, Fatih Hakin réussit à nous imposer la description d'un univers marginal pétri de tolérance, d'humanisme et de fraternité, qui nous décroche de nos réalités quotidiennes. Une parenthèse enchantée en ces temps difficiles.

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