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29 mars 2010

White Material

White_MaterialSavoir partir...

Quelque part en Afrique, dans une région en proie à la guerre civile, Maria refuse d'abandonner sa plantation de café avant la fin de la récolte, malgré la menace qui pèse sur elle et les siens.

Claire Denis, cinéaste très exigeante, qui a été l'assistante réalisatrice de Rivette, Jarmusch, Wenders, Costa-Gavras, nous propose cette semaine un film très abouti, à son image, intransigeant.

"Chocolat" (1988), "Nénette et Boni" (1997), "Beau Travail" 2000, "Trouble every day" (2001), autant d'oeuvres cinématographiques où transpirent l'idée que se fait la réalisatrice de son art.

Nous sommes ici dans une Afrique abstraite et presque cauchemardesque, dans une période de fin de colonisation, où c'est la point de vue du blanc qui est mis en avant, plus que celui du noir, ce qui est déjà en soi une originalité de point de vue. D'autant que jamais Claire Denis ne cède à la moindre compassion. Elle observe une passion pour ce grand continent mystérieux, allant jusqu'au bout de ses hantises, scrutant les ultimes pulsions de ses protagonistes, dans un climat évoquant Marguerite Duras.

Elle casse la chronologie dans tous les sens, pour mieux nous bousculer, et pour laisser la place à toute l'énergie de la survie, ne faisant aucune concession, se concentrant sur l'être physique et bestial qu'il y a en chacun de nous.

D'évidence, Isabelle Huppert est la femme de la situation, acceptant de porter son destin, presque au sens propre du verbe "porter". Gros plans sur son visage dans l'effort, sur ses biceps tendus. Elle "porte" aussi presque tout le film sur ses chétives épaules, à la perfection.

Pour l'accompagner, il y a le corps de Michel Subor (toujours aussi impressionnant, comme dans "Beau Travail") ; il y a le retour de Christophe Lambert (l'ex-époux) ; il y Nicolas Duvauchelle qui sait jouer admirablement de son corps. Même s'il participe parfois à de "grosses machines françaises", il sait aussi choisir des rôles dans des films passionnants : "Ces corps impatients" de Xavier Giannoli en 2003 ; "Poids léger" de Jean-Pierre Améris en 2004 ; "A tout de suite" de Benoît Jacquot en 2004 ; "Avril" de Gérard Hustache-Mathieu en 2007 ; "La fille du RER" d'André Téchiné en 2009 ; "Les herbes folles" d'Alain Resnais en 2009. Attendons ses participations à "Popoupidou" de Gérald Hustache-Mathieu et à "Les yeux de sa mère" de Thierry Klifa.

Mais celui que je voudrais évoquer surtout est Isaac de Bankolé : c'est un acteur sublime ! Lorsqu'on évoque les réalisateurs qui réussissent aux USA, on oublie toujours Isaac de Bankolé, et pourtant : outre son travail avec Claire Denis ("Chocolat", "S'en fout la mort"), il a dans son escarcelle cinématographique de vraies pépites. Avec Jim Jarmusch, "Nignt on earth", "Ghost Dog", "Coffee & Cigarettes", "The limits of control". Mais il a joué aussi sous la direction de James Ivory en 1999 ("La fille d'un soldat ne pleure jamais") ; "Manderlay" de Lars Von Trier en 2005 (sublime !) ; "Miami Vice" de Michael Mann en 2006 ; "Casino Royale" de  Martin Campbell en 2006 ; "Le scaphandre et le papillon" de Julian Schnabel en 2007 ; "Battle in Seattle" de Stuart Townsend en 2008. Extraordinaire acteur, d'une rare présence physique, que Claire Denis sublime parfaitement.

Je suis sorti de là totalement éberlué, après avoir vu un film "serré et dense comme un café 100% arabica". Une perle noire. Un très grand film sans concession.

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