Tout ce qui brille

Le glas du bling-bling...

Ely et Lila sont comme deux soeurs. Elles se connaissent depuis l'enfance, partagent tout et rêvent ensemble d'une autre vie. Elles vivent dans la même banlieue, à dix minutes de Paris.
Aujourd'hui, Ely et Lila ne veulent plus être à dix minutes de leurs vies. De petites embrouilles en gros mensonges, elles vont tout faire pour essayer de pénétrer un monde qui n'est pas le leur où tout leur semble possible.
Mais tout ce qui brille...

Nous voici devant un divertissement joyeux, une comédie bien écrite, bien jouée, bien rythmée, qui ne manque ni de fond, ni d'émotion. Géraldine Nakache (jusqu'ici actrice dans des petits films français dans grand intérêt) et Hervé Mimran nous propose un film sans grande prétention, qui ne sombre pas pour autant dans la vacuité la plus totale, notamment grâce à des dialogues ciselés.

Ces deux post-adolescentes en quête de reconnaissance sociale, nous livrent leur belle amitié et leurs rêves, et surtout l'espèce de "miroir aux alouettes" que la société leur propose.

Bonne idée, qui même si elle a ses limites, que de nous présenter une banlieue sans violence, sans drogue, mais totalement plombée par la fameuse "fracture sociale", et plongée dans une morosité plutôt bien vue.

Le duo formé par Géraldine Nakache et Leïla Bekhti ("Un prophète", "Mesrine") fonctionne à merveille. Il est accompagné par un aréopage de comédiens tous très justes. Virginie Ledoyen, Linh-Dan Pham ("Le Bal des Actrices" de Maïwenn Le Besco), Simon Buret ("Je vais bien, ne t'en fais pas" de Philippe Lioret), Manu Payet ("Coco", "RTT"), Daniel Cohen (magnifique dans son rôle de père). Mais la palme revient sans doute à Audry Lamy (soeur d'Alexandra), qui dessine une copine-boulet qui rêve de devenir coach sportif avec un aplomb et un abattage qui renvoie Florence Foresti aux oubliettes.

Une jeune génération de comédiens, qui viennent de séries TV pour la plupart, à laquelle le cinéma devra faire un peu de place après le succès mérité au box-office qui s'annonce.

La volonté évidente d'escamoter un peu la dimension sociale du film pourra en agacer quelques-uns, mais cela n'ôte en rien la dimension politique du film, qui non seulement nous décrit une banlieue qui s'ennuie, mais qui semble dénoncer aussi le matérialisme de notre société. J'ignore si c'est un des buts du film (comme chez Jolivet) ou si c'est l'exploitation d'un filon vulgaire ("La vérité si je mens"), mais l'enthousiasme de l'équipe parvient à faire la pirouette.

Une comédie "pétaradante" certes, mais aussi avec un fond et une émotion, qui même agité par d'assez grosses ficelles, ne manque pas d'intérêt. C'est doux-amer, et ça présente une jeunesse aux antipodes de celle qui est régulièrement décrite par les journaux de TF1. Après tout, cette jeunesse à la fois enthousiaste et morose a aussi droit de cité. Ce film le leur accorde avec un très joli sourire doux-amer.