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La Vie ChonChon
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13 mai 2010

Le Fil

Le_FilEmancipations tunisiennes.

De retour en Tunisie, après la mort de son père, Malik, la trentaine, doit à nouveau vivre chez sa mère. Il voudrait lui dire qu'il aime les hommes, mais il n'y arrive pas et s'enfonce dans ses mensonges. 
Lorsqu'il rencontre Bilal, tout devient possible : le jeune architecte, son amant et sa mère s'affranchissent des interdits pour embrasser pleinement la vie. Dans la chaleur de l'été tunisien, chacun va toucher du doigt le bonheur auquel il a longtemps aspiré.

Mehdi Ben Attia n'est pas tout à fait un inconnu, puisqu'il a été le scénariste d'André Téchiné pour "Loin" en 2001, et de Zina Modiano pour "La Vie Privée" en 2007. C'est aujourd'hui son premier long métrage en qualité de réalisateur de cinéma.

Il a manifestement la volonté de réaliser un film à la fois sensible et engagé, et il y met toute sa conviction. De nombreux sujets sont évoqués : passage à l'âge adulte, deuil du père, homosexualité, homo-parentalité, conflit des classes sociales, émancipation de la femme, nouvelles aspirations de la jeunesse, dans une société tunisienne plutôt rigide, et surtout au sein d'une bourgeoisie plutôt hypocrite.

Au départ, une jolie métaphore, celle du fil qui retient Malik à l'enfance. L'idée est bonne, mais cinématographiquement, elle n'est pas toujours heureuse, notamment lorsque le réalisateur matérialise ce film, pour que le spectateur puisse le visualiser. Il me semble que ce n'était pas nécessaire.

Indéniablement, le film, qui semble revêtir un aspect autobiographique, propose des thématiques intéressantes, mais le réalisateur, selon moi, a eu tort de ne pas mettre en avant tout ce qui peut, dans la société tunisienne, s'opposer aux aspirations de ses protagonistes, et l'ensemble présente une tolérance plus béate qu'elle ne l'est probablement en réalité.

Ceci ne serait peut-être pas si embarrassant si ne disposions pas d'une histoire de ce type de thématiques au cinéma, et je ne crois pas qu'on puisse faire comme si Fassbinder, Téchiné, Wong Kar Waï et tant d'autres n'avaient pas contribué à envisager des réflexions complexe.

C'est bien joué, mais les comédiens ne sont pas toujours aidés par des dialogues parfois surannés. Claudia Cardinale (Sara), Antonin Stahly-Wishwanadan (Malik), Salim Kechiouche (Bilal), et les deux jeunes actrices qui composent avec beaucoup de justesse le couple de lesbiennes, Ramla Ayari (Syrine) et Anissa B'Diri (Aida) sont très justes.

Salim_KechioucheComment passer à côté de l'occasion qui m'est donnée de revenir sur la carrière de Salim Kechiouche. Je ne comprends pas que les réalisateurs ne fassent pas davantage à lui, toujours très juste, doté d'un magnétisme certain. Il figure pari les acteurs fétiches de Gaël Morel : "A toute vitesse" en 1996 ; "Premières Neiges" (TV) en 1999 ; "Le Clan" (absolument magnifique !) en 1999 ; "Après lui" en 2007. Ont aussi fait appel à lui François Ozon en 1999 dans "Les Amants Criminels" ; Robert Salis en 2004 dans "Grande Ecole" (aussi étrange que passionnant) ; et David Oelhoffen en 2007 dans "Nos Retrouvailles". Et ici encore, sous le soleil tunisien, il irradie.

Je l'avais particulièrement aimé sur scène dans une pèce de Michel Azema qui me tenait particulièrement à coeur, "Vie et mort de Pier Paolo Pasolini". J'espère vivement que sa carrière va s'étoffer, et qu'il saura trouver des rôles divers et variés comme Sami Bouajila.

Voilà, si ce film contient des imperfections, et notamment sur des aspects plus politiques (même s'ils sont évoqués dans une scène), et en dépit d'une fin en forme de happy end un peu lourdaude à mon sens, il dégage un charme indéniable.

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V
vive le cinema et la tunisie!
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