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28 juin 2010

Le Caméléon

Le_Cam_l_onExtrait d'imposture.

Espagne, 2000 : un jeune homme sort de son mutisme. Il dit s’appeler Nicholas Mark Randall, être américain et avoir été enlevé quatre ans plus tôt par les membres d’une secte.
A la surprise de la police espagnole qui le soupçonne d’être un imposteur récidiviste, sa sœur vient le chercher et le ramène aux États-Unis, en Louisiane, où sa famille semble le reconnaître.
Les récits des médias locaux sur ce retour miraculeux alertent le FBI dont l’agent,
Jennifer Johnson, s’interroge de plus en plus sur la véritable identité de Nicholas et l’attitude surprenante de la famille.
Le Caméléon est inspiré de la véritable histoire de Frédéric Bourdin condamné à plusieurs reprises pour usurpation d’identité.

Ce n'est pas le nom du réalisateur qui a attiré mon attention dans ce film, puisque mis à part "Le Petit Lieutenant" en 2005, je goûte peu son cinéma : "Belphégor" en 2001, "Arsène Lupin" en 2004, "Les femmes de l'ombre" en 2008. C'est surtout le fait divers originel, celle de Frédéric Bourdin, et la folie du parcours général de cet homme, magnifique sujet de cinéma.

Ici, Jean-Paul Salomé parvient très bien à restituer l'univers des quartiers pauvres américains (qu'il a transposés du Texas à la Louisiane, peut-être en hommage à Bertrand Tavernier et son somptueux "Dans la brume électrique" sorti en 2009). Et derrière la supercherie de son protagoniste principal, il parvient à s'attarder avec talent sur les violences des rapports nés de l'échec sentimental et de la désolation sociale, comme il parvient à mettre en évidence les complicité et les culpabilités entremêlées dans cette imposture. On voit les faux sourires, les crises de panique déguisées en comédie du bonheur, et le récit devient noir, presque glaçant. Dans ce jeu de miroirs, c'est toute une société patraque que l'on perçoit.

Les plus belles scènes sont incontestablement les scènes de huis-clos mère/fils, qui sont si tendues qu'on craint que tout explose au détour de chaque plan. C'est largement du à la qualité de l'interprétation.

Marc-André Grondin est excellent. Après "CRAZY" de Jean-Marc Vallée en 2006, "Le premier jour du reste de ma vie" de Rémi Bezançon en 2008, il confirme toute l'étendue de son talent. J'ai hâte de le voir dans le prochain film d'Ilan Duran Cohen, "Ma Révolution".

Il dispose d'une partenaire de tout premier choix, en la personne de l'actrice Ellen Barkin, qui livre ici une composition d'une rare force. Sa filmographie parle pour elle, les plus grands l'ayant déjà sollicitée : Barry Levinson, Paul Newman, Sidney Lumet, Jim Jarmusch, Blake Edwards, Terry Gilliam, Spike Lee, Todd Solondz, Steven Sorderbergh entre autres.

Framke Janssen (agent du FBI) et Emilie de Ravin (la nouvelle soeur) sont bien. Et, bien qu'insuffisamment mis en valeur, Nick Stahl est parfait et continue lui aussi son intéressante carrière : "La ligne rouge" de Terrence Malick en 1999, "Bully" de Larry Clark en 2001, "Twist" de Jacob Tierney et Adrienne Stern en 2005, et "Sin City" du trio Rodriguez/Miller/Tarantino en 2005 : excusez du peu !

A mon sens, en se focalisant sur "l'épisode américain" de l'épopée de Frédéric Bourdin, le réalisateur passe à côté de toute la richesse et de la complexité de son protagoniste principal, et un réalisateur d'une autre dimension aurait livré un film plus passionnant, s'attachant davantage à un parcours qu'à un seul épisode de ce parcours. Reste et demeure une ambiance âpre très intéressante, et une interprétation de tout premier ordre, emportée par un Marc-André Grondin de plus en plus prometteur.

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