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4 septembre 2011

La guerre est déclarée

La_guerre_est_d_clar_eContinuer de vivre...

Un couple, Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie, la tumeur au cerveau d'Adam. Et surtout, une grande histoire d'amour, la leur...

Voici donc enfin sur les écrans le second film de Valérie Donzelli, film qui a enchanté la dernière édition du Festival de Cannes.

D'inspiration autobiographique, puisque le film est assis sur l'expérience personnelle de Valérie Donzelli et Jérémie Ekaïm qui ont eu à faire face à la tumeur de leur fils Gabriel, le film n'en est pas moins une fiction, grâce à sa mise en scène, à sa stylisation, au fait que la maladie est peu montrée. On y retrouve donc d'un côté toute la précision réaliste du documentaire, mais aussi toute la poésie, la musique, le comique, le romanesque de certaines fictions.

Le scénario est très audacieux, et il évite bien des écueils : pas de pathos, pas de ridicule. Le film n'est ni larmoyant, ni mortifère, ni voyeur. Roméo et Juliette font une déclaration de guerre à la maladie. Il s'agit pour le couple d'un acte de résistance.

Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ne puisent pas uniquement dans leur vie personnelle, mais aussi dans leurs références et leurs expériences. Il ne fait aucun doute, devant l'importance des références musicales, que l'ombre de Jacques Demy est présente. Georges Delerue (le générique de "Radioscopie", l'émission de Jacques Chancel), Vivaldi, Benjamin Biolay sont autant d'échappées musicales qui permet aux protagonistes de hurler à la mort comme de hurler à la joie.

Côté expériences, il n'est pas anodin de noter que Valérie Donzelli avait joué sous la houlette de Alain Guiraudie dans "Voici venir le temps" et de Renaud Bertrand dans "Sa raison d'être" ; que Jérémie Elkaïm avait joué sous la houlette de Sébastien Lifshitz dans "Presque rien" et de Fabrice Cazeneuve dans "A cause d'un garçon". Il y a là d'évidentes sources d'énergie.

Roméo et Juliette parviennent à créer une cellule restreinte autour d'eux. Du côté de Roméo, il y a Claudia, sa mère, incarnée par Brigitte Sy, brillante comédienne rompue à l'univers de Philippe Garrel, et la compagne de sa mère, Alex, incarnée par Elina Löwensohn, vue récemment dans "Lourdes" de Jessica Hausner face à Sylvie Testud, rompue elle à une carrière internationale, chez Hal Hartley, Steven Spielberg, Julian Schnabel, Laurent Bénégui, Cédric Kahn, Jean-Pierre Jeunet, Walter Salles, Bertrand Bonello, Abdelatif Kechiche...

Roméo peut aussi compter sur Nikos, son meilleur ami, incarné par le jeune Bastien Bouillon, qui a jusqu'ici joué essentiellement pour la télévision, dans quelques épisodes de séries TV. En quelques scènes il donne à son rôle une très jolie présence, dans des scènes où il distille sa joie de vivre comme lorsqu'il s'agit de repeindre l'appartement de Roméo, mais aussi son amitié, dans deux scènes magnifiques : celle où, nuitamment dans la rue, Roméo apprend la maladie de son fils et hurle sa peine sur la musique de Vivaldi ; celle où, à l'hôpital, il lui offre la clef de son scooter. Je suis certain que c'est un comédien qui fera parler de lui.

Quant à elle, Juliette reste proche de ses parents, Geneviève et Philippe, incarnés par Michèle Moretti et Philippe Laudenbach. C'est à ma pleine satisfaction que je vois Michèle Moretti, une des actrices fétiches d'André Téchiné, dotée de ses expériences chez Rivette, Demy, Salvadori, Biette... se voir confier de magnifiques seconds rôles ces dernières années, comme dans "Le nom des gens" de Michel Leclerc et "La Conquête" de Xavier Durringer. C'est une comédienne que j'aime beaucoup.

Le film est aussi dédié aux personnels des hôpitaux publics, représentés ici par Béatrice de Staël, Anne Le Ny, et Frédéric Pierrot, ces deux derniers devenant, au fil de leur carrière, des seconds rôles essentiels dans le cinéma français.

Il a incontestablement fallu du culot, de l'assise, de la distance, de la force et du panache à Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm pour transformer leur épreuve en geste créatif, et pour nous proposer ce tourbillon de fantaisie et de gaieté (avec des gags délicieusement incongrus), qui transmet l'envie de se battre et d'espérer.

La guerre est déclarée, et surtout, la guerre est gagnée.

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