Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Vie ChonChon
La Vie ChonChon
Derniers commentaires
Archives
19 septembre 2011

La Fée

La_F_eLe Havre, ville-rêverie.

Dom est veilleur de nuit dans un petit hôtel du Havre. Un soir, une femme arrive à l’accueil, sans valise, pieds nus. Elle s’appelle Fiona. Elle dit à Dom qu’elle est une fée et lui accorde trois souhaits. Le lendemain, deux vœux sont réalisés et Fiona a disparu. Mais Dom est tombé amoureux de la Fée Fiona et veut la retrouver.

Après "L'Iceberg" en 2006 puis "Rumba" en 2008, le trio Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy nous propose leur troisième film, "La Fée", présenté en mai au Festival de Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs. En ce qui me concerne, c'est un plaisir toujours renouveler que de visiter leur univers.

En effet, s'inspirant du talent de réalisateur de Tati, du "bricolage" de Méliès", des gags de Laurel & Hardy, de la façon de bouger de Pierre Richard, chacun de leur film est désormais une bulle d'oxygène ennemie de la sinistrose ambiante. On y retrouve pour la troisième fois toute la poésie du burlesque. Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy et Philippe Martz (qui figurent au générique de leurs trois films, et qui s'est offert une incursion dans "Crédit pour tous" de Jean-Pierre Mocky en 2011) sont les rois du dérapage contrôlé, oscillant des rires aux larmes, sur un fond de mélancolie joyeuse.

Le film est très inventif : inventivité des chorégraphies où le mouvement des corps défient sans cesse la gravité universelle ; la drôlerie des situations absurdes dans lesquelles les protagonistes se mettent eux-mêmes en scène ; la multiplication des séances gaguesques... c'est tout un cinéma onirique qui explose volontairement le curseur de la "normalité".

Car seul le cinéma, et surtout ce cinéma-là, offre une place aux personnages maladroits, malchanceux, irrémédiablement "à part". Et derrière eux aussi, il y a une observation maligne de notre société, que ce soit vis-à-vis des policiers que vis-à-vis des sans-papiers, sans toutefois appartenir à la catégorie des films "à messages" qui "dénoncent".

Ici tout est mouvement : danser (superbes chorégraphies, que ce soit sous l'eau ou sur le toit d'un immeuble), courir (hilarantes courses-poursuites dans les rues du Havre où tout le monde court après tout le monde), conduire le scooter et la voiture (excellente scène de suspense du bébé resté sur le capot de la voiture suivie par le scooter,sur plusieurs kilomètres)... tout est mouvement, tout est liberté.

Les auteurs-acteurs nous rappellent que dans leur cinéma, l'amour et la folie n'ont pas les mêmes contours qu'ailleurs, et c'est admirable. Car c'est une grande délicatesse que d'inviter les spectateurs dans cette parenthèse onirique, drôle et sensible.

Publicité
Commentaires
La Vie ChonChon
Publicité
Publicité