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La Vie ChonChon
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9 janvier 2012

Une vie meilleure

Une_vie_meilleureRésilience sociale et économique,

Yann et Nadia, amoureux, se lancent dans un projet de restaurant au bord d'un lac. Leur rêve d'entrepreneur se brise rapidement. Nadia, contrainte d'accepter un travail à l'étranger, au Canada, confie provisoirement son fils à Yann. Elle disparaît...

Le talentueux Cédric Kahn nous revient avec un film pleinement dans l'air du temps, à connotation très sociale. On lui doit notamment "Sur les rails" (1991), "L'ennui" (1998), "Roberto Succo" (2001), "Feux Rouges" (2004), "L'avion" (2005) et "Les regrets" (2011). Il avait débuté sous les auspices de Maurice Pialat pour "Sous le soleil de Satan", et c'est très formateur.

Par ailleurs, il a écrit le scénario d' "Outremer" de Brigitte Rouän, celui de "Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel" de Laurence Ferrira Barbosa,  et celui de "Les Ambitieux" de Catherine Corsini, et a accepté de passer devant la caméra pour Xavier Beauvois et Laurence Ferreira Barbosa.

Il nous propose aujourd'hui un drame social et humain, une lutte pour la survie, sur fond de surendettement. La mise en place des personnages est très expéditive : Yann rencontre Nadia, ils s'embrassent, ils passent la nuit ensemble, elle lui présente son fils, ils construisent un projet pour une vie meilleure, tout ça en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. C'est dommage. Mais à partir de ce moment-là, Cédric Kahn construit son film sur un rythme haletant de thriller.

C'est les pieds dans le réel (avec parfois un excellent style documentaire) et la tête dans la fiction que le réalisateur nous décrit cette descente aux enfers. Pour être réaliste, il n'en reste pas moins "optimiste", comme le veut la résilience. C'est le portrait d'un homme qui aspire à un statut plus haut que n'est le sien, qui tombe, qui se relève, et qui recommence. On y perçoit l'indignation et l'émotion brute d'un drame qui bouleverse la vie d'un homme, en dressant un portrait cinglant en cette fin de quinquennat.

Autant le dire, Guillaume Canet trouve ici un de ses tout meilleurs rôles, et livre une composition très réussie. Son Yann, malgré ses faiblesses, emporte l'adhésion. C'est Leïla Bekhti qui tien le rôle de Nadia. La jeune femme est très bien, et semble pouvoir devenir une des actrices les plus populaires. Depuis "Sheitan" de Kim Chapiron et "Mauvaise foi" de Roschdy Zem en 2006, elle a joué dans "Mesrine" de Jean-François Richet (2008), "Un prophète" de Jacques Audiard (2009), "Tout ce qui brille" de Géraldine Nakache et Hervé Mimran (2010) et "La source des femmes" de Radu Mihaileanu (2011). Nous la reverrons sous la houlette de Pierre Jolivet face à Roschdy Zem et Marc Lavoine dans "Mains Armée" avant qu'elle ne s'en retourne vers le duo Nakache & Mimran pour "Nous York". Comme d'habitude, elle est très bien, tant dans son élan du début du film que dans son désarroi en son terme. A son propos, le film évoque parfois "Alice dans les villes" de Wim Wenders.

Impossible de ne pas évoquer Slimane Khettabi dans le rôle de Slimane, le fils de Nadia âgé de 11 ans, impeccable, et permettant à Cédric Kahn d'évoquer la thématique de la paternité, allant ainsi au-delà de l'histoire d'amour entre Yann et Nadia. On retrouve aussi Brigitte Sy dans le rôle de la femme bénévole pour aider à résoudre les problèmes de surendettement, et Abraham Belaga dans celui, cruel, du marchand de sommeil.

Toutes les scènes tournées en Seine-Saint-Denis, notamment celles dans le squat (qui est un squat réel) sont particulièrement réussies, filmées avec la vivacité qui convient, et qui suscite chez le spectateur au moins autant d'indignation que la spirale du surendettement.

Là où je trouve qu'il manque quelque chose au film, c'est dans son absence de Fraternité, puisque tout tourne autour du trio Yann-Nadia-Slimane, de façon égotiste, et qui ne me semble pas répondre à une description exacte du monde de l'extrême paupérisation, des démunis, de la dégringolade sociale.

Je considère que si le film n'était pas porté par Kahn, Canet et Bekhti, il n'aurait pas recueilli d'aussi bonnes critiques bienveillantes? Ceci étant dit, le film est poignant et généreux, et sait proposer un constat crédible d'un des aspects de notre société. Un constat que le réalisateur semble éviter de transformer en engagement politique. Encore une fois, c'est l'amour seul qui motive les protagonistes, et ça ne me suffit pas, même si je salue le portrait qui est fait de notre société actuelle.

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