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24 mars 2012

Les Adieux à la Reine

Les Adieux à la ReineLa fin d'une époque.

En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Le roi est à ses occupations, la reine est toute à son amour pour Gabrielle de Polignac. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient… Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés.

Le travail de Benoît Jacquot est presque toujours passionnant. Celui qui fut l'assistant réalisateur de Marguerite Duras ("Nathalie Granger" en 1974, "India Song" en 1975) est "le" cinéaste français de la femme, et toute sa filmographie le prouve.

"Les ailes de la colombe" (1981) pour Isabelle Huppert et Dominique Sanda ; "La désenchantée" (1990) pour Judith Godrèche ; "La fille seule" (1995) pour Virginie Ledoyen ; "L'école de la chair" (1998) et "Villa Amalia" (2009) pour Isabelle Huppert ; "Adolphe" (2002) pour Isabelle Adjani ; "A tout de suite" (2004), "L'intouchable" (2006) et "Au fond des bois" pour Isild Le Besco... Aujourd'hui "Les adieux à la reine" pour Léa Seydoux.

Le film évite intelligemment la seule reconstitution historique, pour nous proposer, d'après le roman de Chantal Thomas, une étude toute en profondeur de personne vivant la fin d'une époque, qu'il parvient à condenser sur quatre jours.

On pense parfois à "La règle du jeu" de Jean Renoir, quand on observe le mouvement des protagonistes, tantôt du côté des gens de la cour de Versailles, tantôt du côté de leurs domestiques, la lectrice de la reine (Léa Seydoux) et Jacob Nicolas Moreau (Michel Robin) étant les "passerelles" entre ces deux mondes.

Tout est là : les décors de Katia Wyszkop (le film est tourné au château de Versailles) où nous allons des ors aux cuisines ou aux combles, les costumes de Christian Gasc qui bruissent soyeusement, la musique remarquable de Bruno Coulais. Plus loin encore va Benoît Jacquot, se permettant d'aller de la réalité aux songes, jusqu'à les fondre.

La distribution féminine est grandiose : Léa Seydoux (Sidonie Laborde), Diane Kruger (Marie-Antoinette, avec un accent autrichien authentique), Virginie Ledoyen (Gabrielle de Polignac) forment un trio excellent. Elles sont soutenues par Noémie Lvovsky et Dominique Reymond côté cour, Julie-Marie Parmentier et Lolita Chammah côté domestiques, toutes remarquables.

La distribution masculine, comme souvent chez Benoît Jacquot, se contente de rôles secondaires. C'est ainsi que Xavier Beauvois en Louis XVI, et Michel Robin en Jacob Nicolas Moreau, bien que parfaits, incarnent des rôles injustement étoffés. En passant, Jacques Nolot qui me ravit à chacune de ses apparitions au cinéma, y parvient une fois encore.
Et de retrouver avec plaisir le prometteur et très charmant Vladimir Consigny (en comédien René se faisant passer pour le gondolier Paolo, qui en pince pour Sidonie, tout en répondant aux désir de Gabrielle de Polignac)... Je l'avais remarqué dans "Hellphone" de James Huth, puis revu dans "Les herbes folles" d'Alain Resnais et "Ma première fois" de Marie-Castille Mention-Schaar.

Le film est virtuose et majestueux. Cette fin de règne, cette débâcle, ce Titanic qu'est Versailles qui coule, ce changement d'époque nous raconte certes hier, mais nous parle d'aujourd'hui. Et ça, fait comme ça, c'est remarquable.

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