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25 mars 2012

Bellflower

Bell FlowerLa jeunesse des faubourgs.

Woodrow et Aiden, deux amis un peu perdus et qui ne croient plus en rien, concentrent leur énergie à la confection d’un lance-flammes et d’une voiture de guerre, qu’ils nomment "la Medusa". Ils sont persuadés que l’apocalypse est proche, et s’arment pour réaliser leur fantasme de domination d’un monde en ruine. Jusqu’à ce que Woodrow rencontre une fille… Ce qui va changer le cours de leur histoire, pour le meilleur et pour le pire.

Evan Glodell (scénariste, réalisateur et acteur principal), pour son premier film, dresse le portrait nihiliste d'une jeunesse nihiliste dans les USA aux faubourgs déserts, qui peine à trouver trouver sa place dans la société actuelle.

Ce premier film possède toute la générosité et l'énergie pour être considéré comme une "météore cinématographique" où l'on assiste à l'éclosion d'un réel talent, celui d'Evan Glodell, bien aidé par sa petite bande copains à qui il a distribué les rôles. 

Woodrow et Aiden sont hantés par la description postapocalyptique de "Mad Max", le fameux film d George Miller avec Mel Gibson, sorti en 1979. Il y a dans cette obsession quelque chose de l'air du temps, puisque le film fait actuellement l'objet d'un remake avec le sublime Tom Hardy.

Tyler DawsonEvan Glodell est aussi un très bon comédien, qui incarne très bien le double désarroi de Woodrow, celui dû à sa position marginale dans la société, celui dû à l'échec de sa relation passionnée avec Milly. Une Milly très bien servie par l'épatante Jessie Wiseman, pleine de vie et d'audace, prête à brûler la vie par les deux bouts.

Aiden, l'impeccable ami de Woodrow est incarné brillamment par Tyler Dawson (cf photographie), dans un rôle ambigu, à la fois tout en poésie, tendresse et délicatesse, à la fois tout en fougue et en violence mal contenue. C'est lui qui, selon moi, compose le personnage le plus complexe, et qui fait le mieux ressortir le désarroi de ces jeunes adultes désoeuvrés, rêvant d'apocalypse pour trouver une place dans la société, passant son temps un verre ou une bouteille à la main, à customiser leur voiture, à fabriquer une espèce de fusil lance-flammes. Par ailleurs, Tyler Dowson sait interroger sur la virilité et la masculité des jeunes hommes d'aujourd'hui avec beaucoup de finesse.

Rebekah Brandes (Courtney) et Vincent Grashow (Mike) complètent cette excellente distribution.

Il faut compter aussi un autre personnage : la voiture culte, comme cela arrive souvent dans le cinéma étasunien évoquant la jeunesse. C'est une Buick Skylark de 1972, que Woodrow et Aiden s'appliquent toujours à faire un monstre. Il y a ici, entre la voiture (la monture) et le lance-flammes (le pistolet) quelque chose qui nous ramènent à bien des fondamentaux des USA, et donc du cinéma étasunien, et qui les "subliment".

Le film propose des audaces visuelles, bien servies par une photographie très travaillée (à l'aide d'une caméra trafiquée maison), et l'ambition de la construction du récit est impressionnante. On oscille sans cesse du film d'auteur à la poésie trash, au film à la violence "geek". Les va-et-vient entre le présent et le passé, entre la réalité et l'onirisme, sont très bien imbriqués les uns aux autres. C'est certes un peu arty et esthétisant, mais il en ressort un film venimeux, ponctué d'un onirisme de fin du monde qui estourbit.

Selon moi, le film propose une "marginalité universelle" passionnante précisément parce que cette marginalité, cette mise à l'écart (au rebut ?) dépasse son unité de lieu et son unité de temps. On ressort de cette "marginalité universelle" les jambes flageolantes et la tête toute retournée.

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