Nana

La gamine et la nature.

Nana a quatre ans et vit avec sa mère dans une maison de pierres par delà la forêt. De retour de l’école, une fin d'après-midi, elle ne trouve plus dans la maison que le silence. Un voyage dans la nuit de son enfance. Le monde à sa hauteur.

Valérie Messadian est une touche-à-tout du cinéma. Directrice artistique sur "The Passenger" de François Rotger en 2006, chef décoratrice sur Story of Jen" du même François Rotger en 2009, récemment directrice artistique sur "Bye Bye Blondie" de Virginie Despentes, actrice et chef décoratrice sur le court métrage "Les Fugitives" de Guillaume Leiter, elle assume les fonctions de scénariste, réalisatrice, monteur et de directrice de la photographie sur "Nana".

Elle nous propose ici un exercice fascinant, un objet théorique qui se regarde avant tout comme un beau et poignant mélodrame. A partir de 60 heures de rushes, son montage rigoureux a fait le film, composé de plans intenses très bien composés, des plans fixes étirés qui réapprennent la patience, et qui distillent une ambiance inquiétante.

Tourné dans le Perche, "Nana" est un film au plus près de la nature. C'est dû au fait que la réalisatrice s'estime incapable, pour le moment, de tourner dans un milieu urbain trop violent et trop étriqué. C'est ainsi que ce conte cruel de l'enfance parvient à capter des sensations minuscules qui sont l'essence de l'âme humaine.

Cette gamine qui découvre la vie auprès de la nature, c'est Kelyna Lecomte. Valérie Messadian a laissé l'enfant improviser, et toutes les scènes sont nées de cette improvisation, qui mettent en valeur le monde intérieur de l'enfant, souvent cocasse et insouciant, face à sa poignante solitude.

Alain Sabras, dans le rôle du grand père, et Marie Delmas, dans le rôle de la mère, des rôles de taiseux, sont impeccables.

Cette petite soeur de "Ponette" de Jacques Doillon dégage une réelle beauté visuelle et une poésie rare au cinéma. Son Prix du Meilleur  Premier Film du Festival de Locarno est amplement mérité.

"Nana" est un souffle. Le souffle de vie d'une enfant passionnante, dont la solitude vous étreint durablement.