Voie rapide

Accepter d'exprimer ses sentiments.

Le tuning, la vitesse, la route: c’est toute la vie d’Alex, 25 ans, rivé au volant de sa voiture customisée. Une passion exclusive, avec ses rites et ses codes, sans vraie place pour sa copine Rachel et leur enfant. Mais une nuit, sur la voie rapide, c'est l'accident, le délit de fuite...

Ce premier film de Christophe Sahr est un bijou à plusieurs titre. Superbe tragédie, suspense et tension insupportables, mise en scène brillante (les courses de voitures sont remarquables), difficultés affectives, silences pesants et absence de communication, peine à vivre puis à survivre... C'est le parcours difficile d'un jeune homme qui, après un drame, essaie peu à peu de s'ouvrir aux autres.

L'interprétation est magnifique.

Johan Libéreau (Alex) confirme tout le bien qu'on pensait de lui depuis "Douches Froides" de Antony Cordier en 2005, puis le superbe "Les Témoins" de André Téchiné en 2007, "Stella" de Sylvie Verheyde en 2008, "La Brindille" d'Emmanuelle Millet en 2010. Il est incontestablement, avec Vincent Rottiers un des acteurs les plus prometteurs de sa génération.

Christa Théret (Rachel) est impeccable, et continue son beau bout de chemin après "Mike" de Lars Blummers face à Marc-André Grondin et "La Brindille" en 2010. NOus la retrouverons bientôt dans "Renoir" face à Michel Bouquet et Vincent Rottiers, puis dans "L'homme qui rit" de Jean-Pierre Améris face à Gérard Depardieu et une nouvelle fois Marc-André Grondin.

Isabelle Candelier (la mère du jeune homme qu'a renversé et tué Alex en voiture) offre une partition superbe. Actrice fétiche des Frères Podalydès ("Versailles Rive Gauche" en 1992, "Dieu seul me voit" en 1997, "Le mystère de la chambre jaune" en 2002, "Le parfum de la dame en noir" en 2004, "Bancs Publics" en 2008, "Adieu Berthe ou l'enterrement de Mémé en 2012) est une actrice discrète, un des meilleurs atouts des réalisateurs qui la choisissent, tels Albert Dupontel, Philippe Lioret, Jean Becker, Ridley Scott, etc... Ici, dans un rôle qui évoque celui de Catherine Deneuve dans "Après lui", elle propose toute sa grâce délicate dans des scènes pourtant très âpres.

Beaucoup plus qu'un exceptionnel premier film : du grand cinéma tout court.