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21 août 2012

Le peuple "Orangina".

Orangina

Agir ? Agir vite ? Agir bien ?

Si je comprends bien le débat politique du moment, il faudrait partir du diktat suivant : puisque "le monde va de plus en plus vite", TOUT doit suivre cette cadence. 

Est-ce pertinent ? Trop peu se posent la question.

Le tourbillon du monde même sous la pression médiatique, ne doit pas se transformer en oeil du cyclone, et tout emporter avec lui. D'autant plus que cette "cadence nouvelle", supposée très accélérée, est un peu une forfaiture, puisque la financiarisation de l'économie, les délocalisations, la ma-bouffe conséquente à l'hyper-productivisme agricole, la dégradation de l'environnement, l'évasion et la fraude fiscales, etc... sont sur les railles depuis un bon moment, et le fameux "TINA" ("There Is No Alternative") de Margaret Thatcher l'atteste. 

À mon sens, il ne faut pas confondre réagir et agir. Certes, on réagit dans l'immédiateté, en instantané, mais je crains qu'on ne doive pas agir dans la précipitation. D'évidence, cela contenterait probablement les micros et les caméras comme ceux qui sont devant ou derrière, mais cela serait-il efficace ? 

Il est affirmé (!) en filigrane que la réaction et l'action rapides sont plus adéquates que l'impératif de leur efficacité à terme. Je suis très circonspect. 

Epaminondas

Je pense aux stratèges - que mentionne notamment Machiavel dans "Le Prince" - Gorgidas et Epaminondas (voir photo), qui savaient toujours agir promptement et efficacement, mais en ayant aussi toujours pris le temps de la réflexion. Ce temps ne doit pas trop durer, c'est évident, mais face aux enjeux financiers, économiques, diplomatiques, sociaux, sociétaux et culturels qui sont face à nous, ce ne sont pas quelques semaines de réflexion qui nous mèneront dans le mur. 

Ensuite, mais ensuite seulement, si ces réflexions se révèlent inutiles, les électeurs en prendront acte, et le feront savoir, tantôt dans la rue, tantôt dans les urnes dans le cadre des élections intermédiaires à venir. 

Mais nous soustraire à la réflexion collective au prétexte qu'on nous affirme que le monde est en agitation perpétuelle depuis quelques années - alors que ce sont les mêmes processus depuis plusieurs décennies - m'apparaît être une "solution" très dangereuse. 

Prétendre qu'en tout, seule l'action rapide est pertinent et efficace, alors que cela s'apparente souvent à de l'agitation qui sert de biberon à un électorat passif, c'est prendre les gens, et les laisser, pour des idiots.

Si j'ai intitulé cette chronique en pensant à Orangina, c'est parce que j'ai pensé à sa récente campagne publicitaire, réussie et plébiscitée à juste titre, qui d'un ton à la fois drôle, particulièrement moqueur, et très pertinent, à mis en évidence le ridicule de l'agitation comme réponse à tout, en la déconstruisant et la retournant à son profit : la petite bouteille qu'on agite, qu'on secoue, sert de solution à tout, savon, déodorant, solution buccale, après-rasage, savon intime, lessive, petit déjeuner...

Le peuple, même si on l'y a habitué pendant 10 ans, n'est pas une petite bouteille qu'on agite et qu'on secoue, en faisant soi-même actre d'une trop grande agitation, au détriment de toute réflexion.

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