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20 mai 2013

Gatsby Le Magnifique

Gatsby Le Magnifique

Un amour impossible.

Printemps 1922.
L'époque d'après guerre est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway (Tobey Maguire) quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio), qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy  Buchanan (Carey Mulligan)et de son mari volage, Tom Buchanan (Joel Edgerton), issu de sang noble.

C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats.

"Gatsby Le Magnifique" c'est d'abord et surtout le sublime roman de Francis Scott Fitzgerald paru en 1925, à peu près aussi inadaptable au cinéma qu' "À la Recherche du Temps Perdu" de Marcel Proust et "Ulysse" de James Joyce. C'est ensuite l'adaptation cinématographique au scénario signé Francis Ford Coppola et Francis Scott Fitzgerald soi-même, mis en scène par Jack Clayton avec Robert Redford, Mia Farrow, Bruce Dern, Karen Black, Sam Waterson... sorti en 1974 sur les écrans (2 Oscars, pour les costumes et la musique).

Gatsby - Mulligan et DiCaprio

Alors, outre les aspects techniques, outre la volonté évidente de plaire davantage aux adolescents (on se souvient de "Moulin Rouge", de "Roméo+Juliette" et de "Australia") quoi de nouveau dans la version de Baz Luhrmann ? Il faut peut-être aller chercher dans le travail de préparation des deux principaux protagonistes : Carey Mulligan s'est rendue à l'université de Princeton pour étudier les lettres et le journal intime du premier amour de Francis Scott Fitzgerald, Ginevra King, qui a inspiré la très élégante Daisy qu'elle interprète, et Leonardo DiCaprio a quant à lui lu avec la plus grande attention la première version du roman, Trimalchio, qui dépeint un Jimmy Gatz/Jay Gatsby plus sombre.

Gatsby - Mulligan

Bonne idée que de placer la maison de Gatsby juste en face de celle de Daisy, de l'autre côté de la baie, l'eau qui les sépare devenant un peu le symbole de l'impossibilité de l'amour fantasmé qu'éprouve  Gatsby. Baz Luhrmann utilise de beaux effets de caméra pour passer de l'une à l'autre demeure, mais finit hélas par en abuser.

Le réalisateur adore les anachronismes musicaux, et c'est ainsi qu'on retrouve Beyoncé Knowles et André 3000 reprenant "Back to Black" de Amy Winehouse ; Lana del Rey chantant "Young and Beautiful" ; Jay-Z, "100$ Bill" ; Bryan Ferry, "Love is the drug" ; Jack White, "Love is blindness" ; "The XX, "Together" ; etc... mais cela rend assez mal les Années Folles, son foxtrot et son charleston, des danses pourtant en totale harmonie avec les costumes superbes de Catherine Martin (qui a aussi supervisé les décors, splendides). Alors certes, la musique est bonne, la B.O. se vendra très bien, mais elle n'apporte rien, si ce n'est l'attraction qu'elle peut susciter chez "les jeunes". 

Gatsby - Casting

Leonardo DiCaprio (en haut à droite) est impeccable, porte son costume rose pâle comme personne ne saurait le faire, face à une Carey Mulligan (en haut au milieu) au jeu très subtile qui parvient à asseoir intelligemment, presque dès le départ, que l'amour de Gastby pour elle est trop fantasmé, et qu'elle n'y répondra finalement pas. DiCaprio donne de la profondeur à Gatsby, et n'édulcore pas son côté sombre. Tobey Maguire (en haut à gauche), pourtant principal témoin et narrateur, est plutôt fade. Joel Edgerton (en bas au milieu) qui a obtenu le rôle qui devait originellement échoir à Ben Affleck, est parfait millionnaire d'extraction noble, qui aime davantage la roturière Myrtle Wilson (Isla Fisher, en bas à gauche, très bien) que son épouse Daisy. On découvre, dans le rôle très subtile et silencieux de la championne de golf Jordan Baker (en bas à droite), l'amie à la fois de Gatsby et de Daisy, l'actrice Elisabeth Debicki, dont Bar Luhrmann aurait été bien avisé de faire la narratrice du film. Suivent Jason Clarke, incarnant George Wilson l'époux de Myrtle, qui symbolise à lui seul, en ouvrier mécanicien, le revers de l'expansion  économique ; Brendan Mclean campant un Klipspringer, délicieux entre escroc et homme d'affaires. Enfin, on découvre Callan McAuliffe incarnant le jeune Gatsby, avant qu'il ne parte à la guerre.

Au final, la première partie de "Gatsby le Magnifique" s’avère une véritable débauche d’effets visuels et sonores, pas toujours utiles, mais impressionnants, même si la 3D n'est pas toujours pertinente, ni surtout exploitée avec le même talent que Martin Scorsese dans "Hugo Cabret". Il est regrettable que les habituelles niaiseries de Baz Luhrmann viennent s’immiscer de manière si grossière dans les vingts dernières minutes, nous rappelant la nature première du film : celle d’un divertissement efficace, visuellement épatant, mais déséquilibré par ses nombreuses et criardes superficialités.

Avec un casting de rêve et un budget somptuaire (125 millions €) mais pompeux, Bar Luhrmann nous montre que l'imposteur c'est bien davantage lui que Gatsby. L'emphase, la frénésie postiche presque épileptique, qui semblent demeurer tout du long son principal souci, tiennent lieu de camouflage pailleté (parfois jusqu'à la nausée) à l'inconsistance de la vision portée par le réalisateur. Reste toutefois son louable mais discret éloge de la culture populaire et de l’apport de la minorité noire à la culture, notamment musicale, des USA.

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