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21 juillet 2013

Aya de Yopougon

Aya de Yopougon

Fin des années 1970, en Côte d’Ivoire à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan.

C’est là que vit Aya (avec la voix de Aïssa Maïga), 19 ans, une jeune fille sérieuse qui préfère rester étudier à la maison plutôt que de sortir avec ses copines. Aya partage ses journées entre l’école, la famille et ses deux meilleures amies : Adjoua et Bintou, qui ne pensent qu’à aller gazer en douce à la nuit tombée dans les maquis.

Les choses se gâtent lorsque qu’Adjoua se retrouve enceinte par mégarde. Que faire ?

"Aya de Yopougon" est, à l'origine, une BD en 6 volumes traduite dans 15 langues et adaptée par ses créateurs : l'auteur Marguerite Abouet et le dessinateur Clément Oubrerie. Ce dernier, Joann Sfar et Antoine Delesvaux, producteurs délégués du film, ont également produit le très réussi "Le Chat du Rabin" en 2011.

"Yop City", c'est le surnom de Yopougon, la plus grande des 13 communes du district d'Abidjan, capitale économique ivoirienne où est née Marguerite Abouet et où l'action du film se déroule. Yopougon, la ville, est un personnage à part entière du film. La réalisatrice Marguerite Abouet confie : "J’aime me définir comme appartenant à un groupe, mais aussi à une communauté cosmopolite. Car j’estime que c’est à moi de me faire accepter dans l’endroit où je vis. Et Yopougon, c’était ça – un lieu où vivaient des Sénégalais, des Ivoiriens, des Camerounais, des Burkinabés etc., et où chacun trouvait sa place. Le héros de ce film, c’est avant tout ce quartier qui me fait penser à Paris, où se côtoient des populations de toutes origines et de toutes classes sociales. Du coup, je ne pouvais pas concevoir ce film avec des voix ivoiriennes uniquement."

Passer d'une BD à un film n'est pas chose facile. Il y a plusieurs enjeux et paramètres à prendre en compte. L'un des points principaux est la musicalité. En Afrique, les mots sont prononcés de manière spécifique de même que la gestuelle y est différente qu'en Europe. Il a fallu éviter les stéréotypes. Clément Oubrerie explique : "Marguerite a non seulement assuré la direction d’acteurs, mais elle a aussi mimé et joué les personnages qu’on a filmés et qui ont ensuite servi de références pour les animateurs". Par ailleurs, le rythme est essentiel et a donné une véritable musicalité au film. Les dialogues accompagnent des dessins davantage complexifiés que dans la BD. Enfin, les couleurs du film (très belles) sont issues de la BD bien que plus atténuées.

"Aya de Yopougon" comprend de vrais spots publicitaires qui, selon le réalisateur, influent sur le long métrage car le spectateur ne peut s'empêcher d'avoir ces images en tête : "Elles coïncident avec l’arrivée de la télé à Yopougon (l'action se déroule en 1978) et elles donnent un côté drôle et décalé à l’histoire. Dès le départ, on se demande où on débarque car le film démarre sur une publicité. C’était aussi un clin d’oeil à une époque où on avait plus de liberté qu’aujourd’hui", explique Marguerite Abouet.

Il y a du pittoresque et de l'exotisme dans la re-création des décors et des personnages. Tous les particularismes locaux sont là, racontés avec saveur, humour et tendresse. Mais au-delà de ce microcosme sans frontières, il y a l'histoire universelle d'Aya. Critique sociale en pointillé, "Aya de Yopougon" est aussi un manuel de débrouillardise à l'usage des jeunes filles.

Tout déborde de vie, les couleurs vibrent. L'évocation des années 1970 est savoureuse. Le charme du film est dans sa tendresse réaliste et sans complaisance, dans son humour ponctué d'argot abidjanais et dans sa manière d'aborder les sujets les plus graves dans de très sonores éclats de rire.

Un film réjouissant !

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