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La Vie ChonChon
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16 septembre 2013

Les Paradis Perdus

Ne devenez pas adulte

Dans ma veste de soie rose
Je déambule morose
Le crépuscule est grandiose

Peut-être un beau jour voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus

Il me semble que parmi tout ce qui dessine les contours de la période de mutation que nous vivons actuellement, il faut compter une espèce de conflit des générations, où plus précisément, une opposotion entre ceux qui essaient de dessiner l'avenir qui s'ouvre à nous, et ceux qui se lamentent sur des valeurs, des traditions, des folklores, des patrimoines, etc... du passé.

J'assume pleinement d'évoquer une "période de mutation" plutôt que LA "mondialisation" ou LA "globalisation". Je pense en effet que les Croisades, la découvertes des Indes et de l'Amérique, la Renaissance, la colonisation, la Première Guerre Mondiale, la Seconde Guerre Mondiale, la décolonisation... ont aussi été des périodes de "mondialisation" et de "globalisation".

Je constate dans la plupart des pays, d'abord en Iran, ensuite dans le cadre de la "Révolution Orange" en Ukraine, dans ce qu'on a appelé la "Révolution de Jasmin" en Tunisie, et plus généralement "Printemps Arabe", dans les mouvements du type "Occupy Wall Street" aux USA, des "Indignés" en Espagne notamment, etc... qu'une grande partie de la jeunesse est prête a dessiner un nouveau monde, où les concepts d'égalité, de partage, de fraternité, de laïcité, etc... seront plus déterminantes, une jeunesse épaulée et accompagnée par ses aînés de bonne volonté.

Quand je dis "la jeunesse", j'endends évidemment évoquer sa composante tournée vers son prochain et son lointain, pas celle qui s'arqueboute et se recroqueville sur un repli fomenté par ses aînés.

De façon philosophique, anthropologique, sociologique, politique, culturelle... chacun doit donc, si j'ose dire, choisir "son camp". Nous savons que de tous les combats entre Anciens et Modernes, aucun n'a été, à terme, gagné par les Anciens. Devant nous, je ne rêve pas, il y a bien Beaubourg, la Géode, la Pyramide du Louvre, la Grande Arche... pour ne citer que des exemples architecturaux. Devant nous, s'il convient de rester très circonspect devant le multi-culturalisme (une séparation), le multi-ethnisme (un mélange) lui, est une réalité, une magnifique réalité. À ce propos, il faut noter les regrettables raccourcis et amalgames faits par des journalistes toujours plus fainéants entre "multi-culturalisme" (pour faire peur aux masses souvent les moins instruites et toujours les plus fermeées) et le multi-ethnisme qui demeure une grande conquête humaine. Je suis riche de la littérature, de la musique, du cinéma, de la musique... du monde entier.

Si devenir adulte c'est acquérir des "certitudes" fixes et immuables, et si ne pas devenir adulte c'est de savoir acepter de moduler ses "convictions" à mesure que le monde avance, alors oui, je choisi mon camp, et je me range parmi ceux qui refusent de devenir "adultes", le camp de cette jeunesse. Je veux continuer d'être modulable, pétrissable, perméable au temps qui avance et qui dessine de nouvelles réalités avec lesquelles il faut vivre, quitte à les affronter de façon virulente lorsqu'elles contreviennent à nos idéaux.

Pensons par exemple aux religions. Elle ne posent intrinsèquement aucun problème. Pensons à l'instrumentalisation politique des religions, à des fins d'asservissement. On voit bien ici qu'il est impératif de moduler les certitudes (souvent basées sur des mensonges !) passées. Le mariage n'est originellement pas "religieux", le célibat des prêtres n'est pas "religieux", et nombreux sont ceux qui, à juste titre, affrontent ces "certitudes" passées. Les événements récents l'ont prouvé. Au même titre que le combat des femmes qui s'affirme dans le monde musulman, et qui reste une des plus belles promesses des temps qui s'annoncent et que porte, encore et toujours "la jeunesse" guidée par des aîné-e-s clairvoyant-e-s.

Non ! Je ne dis pas qu'il faudra faire l'autodafé de notre passé, et il me semble que le titre de ma chronique, comme son préambule, sont clairs et nets à ce propos, ne permettant aucune abiguïté. Je connais le poète anglais John Milton (Paradise lost), je connais l'oeuvre de Marcel Proust (À la recherche tu temps perdi), je connais la chanson de Christophe dont j'ai fait l'entame de cette chronique... La mélancolie et la nostalgie nous sont intrinsèques, elles sont des composantes de l'âme humaine, il faut les conserver et les chérir. Mais elles ne sauraient être les armes d'un repli sur soi, d'un refus d'avancer vers les temps à venir, un poids pour refuser de construire nos lendemains. Il en va de même pour le nécessaire "travail de mémoire" qui ne vise qu'à tourner les tristes pages du passé pour mieux avancer, et non pas à y rester bloqué.

Oui ! Je refuse d'être adulte, en ce sens que je refuse de cesser de me poser des questions pour ne me contenter que de réponses vieillissantes, dépassées, inadaptées. Et cela vaut pour tout, quand on vois que près de 75% des électeurs de +65ans votent UMP dans le cadre d'un second tour d'élection présidentielle en France. Refus d'affronter les questions nouvelles, mauvaises réponses, mauvaises car empreintes de passéisme et de rancité.

Je persite à avoir une curiosité intacte, toujours vivace, de me tourner aussi vers la J-Pop et la K-Pop (Japon et Corée) concernant la musique, vers l'Inde, le Nigeria et le Ghana concernant le cinéma, vers les fameux BRICS pour les innovations économiques, etc... autrement dit d'avoir aussi un regard intéressé vers l'est et le sud et non plus focalisé sur les USA et l'Europe où la jeunesse semble devoir rester sclérosée et immobilisée par de poids d'anciennes générations trop pesantes.

Refuser de devenir adulte, ce n'est pas un aveu d'immaturité perpétuelle, ce n'est pas un refus des responsabilités, c'est la volonté d'ouvrir les yeux et les oreilles devant l'imagination, la créativité, les innovations, sans en devenir l'esclave par le truchement du consumérisme. Refuser de devenir adulte c'est ne pas souscrire à l'accélération bêtifiante du monde et c'est continuer de faire l'éloge de la lenteur et de la paresse.

Dandy un peu maudit, un peu vieilli,
Dans ce luxe qui s'effondre
Te souviens-tu quand je chantais
Dans les caves de Londres
Un peu noyé dans la fumée
Ce rock sophistiqué
Toutes les nuits tu restais là...

 

Les Paradis Perdus au fond de nous, les Paradis à venir devant nous.

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