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15 décembre 2013

The Lunchbox

The Lunchbox

Les papilles amoureuses...

Ila (Nimrat Kaur), une jeune femme délaissée par son mari (Nakul Vald), se met en quatre, avec les conseils avisés de sa vieille voisine "Auntie", pour tenter de le reconquérir en lui préparant chaque jour un savoureux déjeuner.

Elle confie ensuite sa lunchbox au gigantesque service de livraison qui dessert toutes les entreprises de Bombay.

Le soir, Ila attend de son mari des compliments qui ne viennent pas.

En réalité, la Lunchbox a été remise accidentellement à Saajan (Irrfan Khan), un homme solitaire, comptable dans les Services Publics que son supérieur M. Shroff (Denzil Smith) proche de la retraite.

Comprenant qu'une erreur de livraison s'est produite, Ila glisse alors dans la lunchbox un petit mot, dans l'espoir de percer le mystère. Et une très sensible et romantique correspondance de s'installer entre Ila et Saajan, sous les yeux admiratifs de Shaikh (Nawazuddin Siddiqi) le jeune homme recruté pour lui succéder lorsqu'il partira à la retraite.

"The Lunchbox" est le premier long métrage du réalisateur Ritesh Batra. Il a réalisé de nombreux courts métrages dont "Café Regular, Cairo" (2011) qui l'a propulsé dans de nombreux festivals dans lesquels il a remporté pas moins de 12 prix. Ce premier film, quant à lui, a été sélectionné à la Semaine de la Critique 2013, sélection parallèle de l'officielle du Festival de Cannes.

Le réalisateur Ritesh a eu l'idée de "The Lunchbox" grâce au phénomène des Dabbawallahs à Bombay (Dabba est d'ailleurs le titre original du film), entreprise qui livre des repas le midi préparés par les femmes à leurs maris afin que ceux-ci mangent des plats "maison" sur leur lieu de travail. Un système de livraison par couleur est utilisé par les employés - qui sont pour la plupart illettrés - un système presque sans faille selon l'université d'Harvard qui a étudié le principe et a conclu que seulement un repas sur un million était délivré à la mauvaise adresse. C'est ce repas égaré qui est le départ de l'intrigue du film.

"The Lunchbox" n'est pas un film de Bollywood. Car, bien que se passant à Bombay, c'est une coproduction de la France (Arte), de l'Italie et de l'Allemagne. Et effectivement, le film n'a rien de commun avec les productions indiennes qui nous parviennent habituellement, s'inscrivant clairement dans l'observation précise du Bombay d'aujourd'hui (avec des référes aux années 1980, correspondant à la jeunesse du réalisateur) et ses réalités sociales. C'est particulièrement réussi et intéressant, car propose un Bombay ni idéalisé, ni axé uniquement sur sa pauvreté.

The Lunchbox - Nimrat Kaur

Le film repose beaucoup sur son excellent scénario (qui rappelle un peu le Lubitsch du génial "The Shop Around The Corner" sorti en 1940), mais aussi sur l'exceptionnelle délicatesse de jeu d'Irrfan Khan (Saajan) et Nimrat Kaur (Ila). Si cette dernière est une découverte, et une magnifique découverte, ce n'est pas le cas du grand Irrfan Khan. Elle est ravissante, sait très bien faire passer le désarroi qu'elle ressent devant le "désamour" de son époux à son endroit, et s'investissant avec joie dans la confection des repas finalement destinés à Saajan, et s'appliquant à lui écrire des petits billets quotidiens. Je souligne au passage l'idée géniale du personne d'Auntie, la voisine qui donne des conseils à Ila depuis l'étage du dessus, sans qu'on ne la voie à l'écran, offrant au film quelques petites cocasseries.

The Lunchbox - Irrfan Khan

Il est un comédien que vous avez déjà probablement vu, sans avoir pour autant retenu son nom. En effet, Irrfan Khan (51 ans) a joué dans "Salaam Bombay !" de Mira Nair en 1988, puis, plus près de nous, dans "The Warrior" de Asif Kapadia (2001), "Un nom pour un autre" de Mira Nair (2006), "Un coeur invaincu" de Michael Winterbottom (2007), l'excellent "Au bord du Darjeeling Limited" de Wes Anderson (2007), le très populaire "Slumdog Millionaire" de Danny Boyle (2008), "Nex York, I Love You" de Mira Nair et Fatih Akin (2008), "The Amazing Spider-Man" de Marc Webb (2012), et le très beau "L'Odyssée de Pi" de Ang Lee (2012). Il est parfait dans son rôle de Saajan, en veuf solitaire proche de la retraite, assez imperméable au monde qui l'entoure, presque misanthrope, mais retrouvant le goût des choses et des gens, grâce aux mets qu'il reçoit chaque jour d'Ila. Il est bouleversant lorsqu'il lui écrit tel qu'il s'est vu un matin, homme sur le retour enclin à la mélancolie.

Notons l'excellence du jeu de Nawazuddin Siddiqi, dans le rôle du jeune Shaikh, qui devrait succéder à Saajan lorsqu'il partira à la retraite, un comédien qu'il faut suivre, puisqu'avec avec "Bombay Talkies" et "Moonsoon Talkies" (tous deux à sortir prochainement), "The Lunchbox" est le troisième film qui lui valait de faire partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2013, les deux premiers ayant été sélectionnées hors-compétition. Il sait être drôle, naïf, parfois agaçant, proposant une large palette de jeu. À suivre, donc.

Le réalisateur Ritaesh Batra a donné à son scénario et à ses personnages une telle profondeur d'âme, qu'en mêlant humour et nostalgie, réflexion sociale et sentimentale, qu'il ne propose rien de moins qu'un retour à l'essentiel, avec une intelligence et une délicatesse remarquables. La mise en scène ficelée par Ritesh Batra et la présence retenue d’Irrfan Khan et de Nimrat Kaur dépassent le cadre, offrent une réflexion sur les classes moyennes indiennes prises dans le chamboulement moderne, effleurent les sentiments avec justesse. Un fil conducteur simple, qui donne l’eau à la bouche et le désir de partager les expériences gustatives des personnages.

Loin des paillettes de Bollywood, ce petit plat subtil montre la vie quotidienne à Bombay. Il donne des envies de voyage et de nourritures exotiques en faisant partager les paniers-repas de gens ordinaires auprès desquels on se sent vite chez soi…

Cette très belle histoire d’amour épistolaire assez peu épicée se goûte sans modération. Ses saveurs sauront assurément vous séduire les papilles.

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