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24 mars 2013

Week-end barbizonnais

Bas Breau Façade

À l'Hôtellerie du Bas Bréau

Je suis bien trop sensible au temps qui passe pour envisager de fêter mon demi "quintär" (quintal, en français) d'années ici-bas en grandes pompes. Aussi, lorsque Hebus m'a proposé un week-end "surprise" à la campagne, j'étais persuadé que ce serait soit en Bourgogne, soit en Champagne, pour rapporter les caisses de vin que son père avait demandées.

En fait, c'est une sorte de non-anniversaire, comme dirait Alice, près de Fontainebleau à Barbizon, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Un week-end sous le signe du repos.

Je me rappelais bien Barbizon, puisque nous y étions venus, MisterNo, mon amie Zézette, son époux et moi, passer un dimanche, il y a quelques années de cela. Barbizon, la ville du pré-impressionnisme, où travaillèrent dans les années 1830 Théodore Rousseau, Jean-Bapatiste Corot, Jean-François Millet, Narcisse Diaz de la Pena, puis dans les années vers 1860, leurs successeurs impressionnistes Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley... Je me rappelais aussi l'atelier de Rousseau et celui de Millet que nous avions visités.

Et Barbizon, évidemment, m'a toujours évoqué Robert Louis srevenson, Léon Trotsky, François Sagan, et Julien Green.

Du souvenir plutôt culturel, voici que je vis un "souvenir en devenir" plus personnel, un non-anniversaire d'un 23 de mars, avec sa nuit sur place, ses petits cadeaux (un pot de "Forget Me Not" ma fleur préférée, une cotonnade printanière signée Martin Margiela), son dîner gastronomique, et son petit déjeuner pantagruélique. 

Bas Breau Chambre

L'avantage d'habiter un "relativement" petit appartement, c'est qu'il n'est pas rare de trouver une chambre d'hôtel plus grande. Le Bas Bréau est ancien pavillon de chasse qui ne compte qu'une vingtaine de chambres - loin d'être rempli en cette saison ! - décoré dans un style empire plutôt cosy.

Je me sens comme un pacha dans cette Junior Suite (ça m'amuse beaucoup, une "junior suite" pour fêter mon non-cinquantième-anniversaire !), où Hébus a pris le soin de mettre le CD compilation de The Smiths, qui fait résonner dans la chambre la voix de Morrissey et la guitare de Johnny Marr. J'admire les poutres, j'apprécie le confort du fauteuil où je suis bien installé pour écrire cette chronique, je ne m'habitue pas à la taille de l'écran plat du téléviseur accroché au mur, je souris devant le petit pot de myosotis, je me rends compte que je suis à la même place que Jean Seberg il y a un demi siècle pendant que Romain Gary faisait une sieste...

Bas Breau Bain

Bas Breau Resto

Bas breau Morning

Outre mes rêvasseries, je pense à ce qui m'épate toujours dans les chambres de cette gamme d'hôtel : la salle de bain. Je reste enfantin, jamais blasé, et je ris de moi-même dans la "douche à jets" comme dans le "bain balnéo". J'y passerais volontiers tout l'après-midi, même au prix d'une peau toute flétrie de centenaire le soir venu. (Ce qui me rappelle mes séjours avec MisterNo, à Bruges puis à Berlin, où les salles de bains étaient immenses).

Je souris en me rappelant la tête d'Hebus hier au soir lors du dîner, à côté de la cheminé, lorsque le sommelier lui précisa qu'il était assis à la même place que Marcello Mastroianni.

Tout cela est très "snob", ce que j'assume pleinement, et appelle toujours chez moi l'auto-dérision. Je suis à la fois très heureux d'être là, mais je me sens aussi comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Passons... Là où je me sens toujours à ma place, c'est devant une assiette. Hier soir un dîner sous le signe du gibier, du canard sauvage accompagnés de champignons à l'ail pour être précis : délicieux. Et ce matin, un petit déjeuner avec des viennoiseries fraîches, des oeufs brouillés, une farandole de fruits...

Hebus est curieux de tout, c'est toujours épatant, parfois déroutant ou "iconoclaste". Puisque nous avons fait une longue promenade en forêt hier, comme il n'est jamais allé à la messe, que nous sommes le dimanche des Rameaux et de la Passion, et que "ça lui disait bien"... alors va pour la messe. Quelle ironie pour deux athées convaincus, homosexuels de surcroît, que de se retrouver dans une église le jour même où s'apprêtent à se rassembler les culs bénits à la "manif pour tous" contre le mariage gay. Savoureuses délices, grandes orgues, amours interdites.

Le curé a donc commémoré l'entrée solennelle de Jésus à Jérusalem où il fut acclamé par une foule agitant des palmes, puis commémoré la Passion du Christ et sa mort sur la croix. C'était très joli et émouvant ; le curé n'a rien dit sur le rassemblement initié par l'énergumène Frigide Barjot, ce qui m'a un peu étonné. Comme si Barbizon, dans le sillage des pré-impressionnistes e de son maire sans étiquette, n'était que panthéisme...

Et sur ces pensées errantes, puisque nous avons droit à un "checking-out tardif" puisque l'hôtel est presque vide, je vais rejoindre mon beau roi achéménide Xerxes plongé dans sa somnolence... et tâcher d'oublier l'âge monstrueux que je vais avoir peu après ce non-anniversaire...

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