"Vivre ce n'est pas se trouver, c'est se créer."

George Bernard Shaw continue de nous accompagner...

Nous rions de certains de ses aphorimes, souvent très facétieux. Surtout ceux sur le couple ou sur la politique ! Voilà qu'aujourd'hui il fait un pied de nez à Freud, en nous proposant de nous réinventer tous les jours, probablement en allant à la rencontre de la nature et des autres...

Il est 7H00 (une heure de moins qu'en France) et Hebus continue de dormir du du sommeil du juste. Et comme d'habitude, je me réveille tôt.

Après notre copieux déjeuner, nous partons à l'assaut du "village". C'est très joli, très coloré. Ces Irlandais savent se "créer", eux, si j'en crois la fantaisie avec laquelle il peignent leurs maison.Je voudrais frapper à chaque porte, pour voi qui habite dans la maison bleue, dans la maison rose, dans la maison rouge, dans la maison verte, etc... 

Au "café" je demande conseil pour notre soirée, et c'est unanime : "Ti Joe Wally's Pub". C'est "the place where to be" !

Puis nous partons visiter les alentours.

Hebus me dit que je suis beau habillé tout en blanc. Je trouve ça adorable. Encore et toujours, le paysage est minéral et végétal, entouré d'eau. Tout le monde s'accorde à dire que c'est le même paysage depuis l'Âge de Fer, que rien n'a changé, et que la mer psalmodie des chants Celtes.

Nous admirons. Tout est calme est reposé.

Les Trois Îles d'Aran sont un peu comme les trois points de suspension au bout du bout du Connemara, c'est à dire de l'Europe...

Nous sommes ébahis par la beauté des falaises à perte de vue, et fascinés par le mouvement des vagues à leurs pieds. Se dégagent de ce site une espèce de force immuable, presque éternelle, puisque le temps semble s'arrêter.

En continant de marcher, nous voyons une modeste église, qui n'a strictement rien d'ostentatoire, à l'image de la crudité du paysage, de la simplicité des gens. Impossible de résister à la curiosité, et d'aller voir comment c'est à l'intérieur.

"Il n'y a qu'une seule religion, bien qu'il y en ait des centaines de versions."

Force est de constater que les habitants des Îles d'Aran en ont une "version" aux antipodes du reste du monde, dont le tumulte pousse à une probable inutile grandiloquence. Comme c'est calme !

Il est alors temps, après des kilomètres et des kilomètres de marche à pied et de conversation, d'aller rejoindre notre "Ti Joe Wally's" irish pub. Le repas de ce midi est loin, et mon Fish & Chips me revient à la mémoire.

D'entrée, ça nous plaît. C'est donc là que sont les gens !

Inutile de demander s'il y a un coin pour les fumeurs, la terrasse y pourvoit. J'aime beaucoup ces tables et ces bancs collectifs, qui n'ont rien de commun avec les guéridons réquiquis de nos terrasses parisiennes ! On devine vite que les buveurs ne se contentent pas d'un petit café ou d'un Perrier-Rondelle. 

Comme nous avons passé tout l'après-midi dehors, nous décidons de nous installons à l'intérieur, au moins dans un premier temps.

Ce seront donc une pinte de Guinness, une pinte de Kilkenny, et surtout nos tant attendus "Fish & Chips" ! 

Nous papotons en mangeant avec les doigts, quand nous sommes abordés par des Irlandais dont nous avons, au départ, des difficultés à décrypter l'anglais derrière le fort accent gaélique. Peu à peu - grâce à la bière ? - ça va de mieux en mieux. On parle de tout, on leur dit combien nous aimons "leur" coin du monde, et comme toujours avec les Irlandais, ça finit en chansons !

Et trois heures plus tard, trois pintes de bière irlandaise plus tard (c'est très raisonnable), nous quittons le "Ti Joe Wally's" scintillant dans la nuit,les oreilles bourdonnant encore des chansons traditionnelles irlandaises, réjouis et pressé d'aller prendre un bon bain.

Et Hebus de me dire, enseveli dans la mousse et les yeux plein de petites lumières, que demain (ce matin donc), nous prendons le bateau vers d'autres horizons...